Dossier financement

LE CROWDFUNDING : L’OUTIL DE FINANCEMENT POPULAIRE

Pour ses dix ans, le crowdfunding ou financement participatif s’impose comme un véhicule de choix privilégié pour les Français et notamment les jeunes créateurs. Généralement utilisé en complément d’autres outils de financement, il est également un moyen de se constituer une communauté active et bienvenue.

© Maison Dalla
© Maison Dalla

Si pour la deuxième année consécutive, le baromètre du crowdfunding ou financement participatif marque un temps d’arrêt avec un léger recul après une période de forte croissance, le cap symbolique des 10 milliards d’euros vient malgré tout d’être franchi. En 2024, ce sont bien 1,7 milliard d’euros qui ont été collectés, soit une baisse de 17,1 % par rapport à 2023, selon l’enquête co-conduite par Forvis Mazard et France FinTech. Si la période actuelle est marquée par de fortes turbulences économiques conjoncturelles, force est de constater que depuis la mise en place du cadre réglementaire en France qui remonte à octobre 2014, le crowdfunding s’est «progressivement structuré, s’imposant comme un mode de financement reconnu pour une grande diversité d’acteurs économiques.» Le crowdfunding est avant tout une solution de financement des projets entrepreneuriaux de création, reprise ou développement d’activité. L’utilisation d’une plateforme web permet de démultiplier l’impact des collectes autour de trois types de financement participatif : le don (comme de la prévente), le prêt et l’investissement. Il offre par ailleurs la possibilité de rentrer en contact direct avec des contributeurs et notamment des particuliers qui agissent soit dans une démarche purement philanthropique avec des projets coups de cœur ou qui ont du sens soit pour en retirer un revenu ou une contrepartie. Il existe actuellement une multitude de plateformes ; certaines sont généralistes quand d’autres sont dédiées à certains types d’activités que ce soient des projets culturels, sociaux, innovants, environnementaux…

Bénéficier d’une communauté active

C’est avant tout une solution alternative ou complémentaire quand le porteur de projet ne dispose pas des fonds nécessaires, quand il manque encore des budgets pour boucler le plan de financement, quand l’entrepreneur ne veut pas ou ne peut pas contractualiser avec un établissement bancaire. L’autre intérêt est aussi de pouvoir tester son projet auprès du marché en se constituant une communauté de potentiels clients ou utilisateurs. C’est d’ailleurs le cas de Julie Billot qui a ouvert le Bistrot sous la vigne à Lorry-Lès-Metz en 2024. «L’idée n’était pas de trouver un moyen pour collecter de l’argent car notre business plan était bouclé et que nous avions eu un accord bancaire concernant la totalité de la somme demandée. En revanche, notre volonté était de bénéficier d’une opération de communication grâce à la campagne de collecte. Nous avons opté pour le don avec contrepartie afin d’éviter que les dons ne soient imposables», précise Julie Billot qui a lancé cette opération en 2024. Après discussion avec le conseiller de Kiss Bank, le seuil de 6 000 euros avait été demandé ; et pulvérisé rapidement puisque finalement ce sont 11 000 euros qui ont été collectés par trois cercles de contributeurs. Une réussite qui ne tient pas à un coup de baguette magique mais qui est le résultat d’un relayage constant et collectif sur les réseaux sociaux. À chaque fois, les amis et la famille concourent, puis les amis des amis et enfin de parfaits inconnus. «C’est aussi l’occasion de se rassurer quant à son idée et son projet qui n’est pas encore abouti», ajoute la jeune entrepreneuse qui avait organisé trois soirées de remerciement spécialement dédiées aux contributeurs. Un moment d’échanges et de rencontres qui «créent du lien direct.»

Se sentir soutenu

Au-delà de l’aspect financier, les créateurs ou développeurs d’activité sont à la recherche d’un soutien populaire. C’est également une façon de limiter la prise de risque. Commercialiser une cuvée à base d’ananas bio du terroir d’Allada au Bénin, c’est le défi qu’a relevé Tanguy Semevo, ingénieur agronome formé à l’école nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires (ENSAIA de Nancy). Après avoir créé son entreprise, Maison Dalla, en avril 2024, installée à Metz, il a lancé sa production au cours du second semestre 2024. Cette étape a été rendue possible grâce à une campagne de pré-commandes lancée via la plateforme de financement participatif Ulule. 1000 bouteilles avaient ainsi été précommandées dont plus de la moitié par des professionnels. «Tous ont joué le jeu en passant leurs commandes, en nous soutenant», se réjouit le jeune créateur engagé. De plus en plus populaire sur le net, ce mode de financement lève ainsi les freins financiers mais aussi les craintes liées à une nouvelle activité, qu’elle soit innovante comme celle de Tanguy Semevo ou plus traditionnelle comme la création d’un bistrot en ruralité.

Créer de la richesse humaine

Du côté des contributeurs particuliers, c’est le moyen de participer à une aventure entrepreneuriale, d’apporter sa pierre à l’édifice et de soutenir l’économie locale dans certains cas où une action en lien avec ses valeurs dans d'autres. Agir en un clic, échanger et même se rencontrer autour d’un projet d’entreprise… c’est le cercle vertueux offert par les plateformes participatives. Qui a dit que le numérique ne faisait qu’éloigner les Hommes ? Il peut aussi rassembler, fédérer ou même offrir la possibilité à des entrepreneurs de s’exprimer et de créer de la richesse humaine. La collecte de dons est d’ailleurs en forte progression. Avec 161 861 projets financés pour plus de 3,7 millions de contributeurs, en majorité des particuliers, le crowdfunding confirme son «rôle d’outil au service de la culture et de projets à dimension solidaire.»

Plateformes spécialisées

Les contributions financières sont collectées via les plateformes internet spécialisées par mode de financement 

• Le don, avec ou sans contrepartie,

• Le prêt, avec intérêt ou sans intérêt,

• L’investissement, soit en obligation soit en action.