Le Havre accueillera le premier four bas carbone de Saverglass

La décarbonation avance dans l’industrie verrière. Le site havrais Tourres & Cie de Saverglass sera équipé en 2027 d’un four hybride, électrifié à 80 %.

Au Havre, Saverglass emploie 560 salariés qui font actuellement tourner deux fours et huit lignes de production. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Au Havre, Saverglass emploie 560 salariés qui font actuellement tourner deux fours et huit lignes de production. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Le site Torres & Cie de Saverglass, situé dans le quartier de Graville au Havre, a été choisi par le groupe pour accueillir son premier four hybride. Ce sera le four 3 du site, et il devrait être opérationnel en 2027. Ce 4 avril, l’entreprise a présenté ce projet dans le cadre du grand défi écologique organisé par l’Ademe. « Notre obligation d’industriel, c’est de développer un process verrier plus durable » explique Frédéric Dupuis, directeur recherche et développement chez Saverglass. Et les fours sont responsables de 60 % des émissions de carbone du groupe. Actuellement alimentés au gaz, ils vont progressivement passer à l’électrique. « Notre objectif est évidemment de réduire notre consommation en énergies fossiles, précise Frédéric Dupuis. Nous avons choisi l’hybride car le 100 % électrique n’est pas compatible avec les fours de grande capacité. Mais la technologie hybride n’est pas tout à fait mature… »

Le choix du Havre : un bon timing

Saverglass va donc procéder par étapes. Depuis 2022, les fours actuels sont partiellement chauffés à l’électrique, via des barres de molybdène, qui viennent compléter la combustion de gaz, à hauteur de 15 %. En 2023, cette co-électrification a été portée à 30 % sur le site de Feuquières. Et l’hybridation complète (portant à 80 % la part d’électricité) est donc attendue sur un four neuf au Havre en 2027. « Le premier objectif était de démarrer à hauteur de 50 %, mais nous sommes désormais convaincus de pouvoir passer tout de suite à la phase 4 de 80 %, affirme Frédéric Dupuis. Mais on ne sait pas encore si nous auront la puissance électrique suffisante à disposition… »

Sur l’ensemble du site, entre l’installation du four 3 et l’hybridation partielle des fours 1 et 2, les émissions de carbone devrait alors être réduites de 44 %. Une marche colossale qui a évidemment un coup, mais pas si important qu’on pourrait le croire. Les fours sont, en effet, détruits et reconstruits tous les quinze ans. « Si Le Havre a été choisi, c’est que le timing est le bon », résume David Guillerm, directeur de l’usine havraise. Au total, le groupe prévoit tout de même un budget de 220 M€ d’ici 2037 pour équiper l’ensemble de ses usines de fours hybrides bas carbone.

Le calcin et le poids des bouteilles

En parallèle, le leader mondial sur le marché des bouteilles des vins et spiritueux travaille aussi sur d’autres leviers. L’allègement du poids des bouteilles en est un, même s’il impact davantage le bilan carbone de ses clients que le sien. « C’est une demande de leur part, car 90 % de leur bilan carbone relève du scope 3. » Aussi, Saverglass tente d’augmenter l’utilisation de calcin dans sa matière première. Issu du verre collecté notamment auprès des particuliers, le calcin présente l’inconvénient d’être peu approprié pour la production de verres extra-blancs, notamment demandés par les alcools de luxe… Au Havre, toutefois, le calcin représente en moyenne 74 % de la matière qui entre dans le four (le site de Ghlin en Belgique en incorpore jusqu’à 90 %).

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre