Les Hauts-de-France se mobilisent pour l’emploi des plus de 50 ans
Un colloque régional a été organisé pour lever les freins à l’emploi des seniors et engager des changements concrets.

Dans une région où le taux d’emploi des 55-64 ans reste inférieur à la moyenne nationale, la mobilisation pour une meilleure inclusion professionnelle des seniors devient une priorité. C’est pourquoi, un colloque s’est tenu ce 5 juin à la préfecture de Lille, réunissant préfets, experts et professionnels de l’emploi autour d’un objectif commun : passer à l’action.
Changer les pratiques : une enquête nationale comme point de départ
Pour lancer cette dynamique, une enquête nationale diligentée par Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi a été présentée. Une enquête commandée auprès de l’ANDRH (Association nationale des DRH) et réalisée par l’institut IPSOS. Objectif : faire la lumière sur les perceptions et pratiques RH autour de l’emploi des seniors.
Près de 600 entreprises ont participé à cette étude. Elles ont notamment identifié la déconstruction des stéréotypes et la valorisation des parcours comme leviers majeurs d’amélioration. «Cultiver un lien intergénérationnel en entreprise, c’est plus qu’un enjeu RH, c’est une condition de performance durable», a souligné la ministre, suite à cette étude, appelant les dirigeants à jouer un rôle moteur.
Changer la loi : une réforme attendue au Parlement
Dans les Hauts-de-France, seuls 47 % des 55-64 ans occupent un emploi, contre 58 % en moyenne nationale. Un écart préoccupant pour les autorités. «Il y a trois enjeux majeurs à agir pour l’emploi des seniors, a expliqué Bertrand Gaume, préfet du Nord. Des enjeux de compétence pour les entreprises, de niveau de vie pour les salariés, et des enjeux de société, car travailler, c’est participer au financement de la protection sociale».
Un nouveau texte de loi, qui apportera des outils concrets pour maintenir ou reprendre une activité après 50 ans, sera présenté au Parlement dans le courant du mois de juin. Parmi les pistes évoquées : l’adaptation des contrats, le soutien à la reconversion ou encore l’incitation à la transmission des savoirs.
Changer les regards : lutter contre l’âgisme dans l’emploi
Au-delà des outils et des textes, c’est aussi une transformation culturelle qui est visée. «La discrimination à l’âge reste une réalité massive», déplore Pascal Dumont, directeur de la stratégie de France Travail Hauts-de-France. Selon une étude européenne de 2015, 75 % des managers français considèrent qu’un candidat de plus de 55 ans est désavantagé face à un plus jeune, à compétences égales. «C’est l’un des taux les plus élevés d’Europe. Ce n’est plus acceptable aujourd’hui».
Pour y remédier, France Travail prévoit plusieurs actions : des formations ciblées pour ses conseillers, des ateliers dédiés aux demandeurs d’emploi seniors, et un développement progressif du programme Atout Senior. Ce dispositif associe une formation certifiante et une immersion en entreprise, avec un objectif d’embauche. Sa généralisation est prévue d’ici 2027.
Une dynamique de long terme
Le colloque du 5 juin marque une première étape dans cette mobilisation régionale. Les autorités entendent poursuivre le dialogue avec les entreprises et les acteurs de l’insertion pour construire des réponses adaptées.
Des bilans réguliers seront réalisés, et une nouvelle rencontre est d’ores et déjà programmée dans six mois. L’ambition affichée est claire : faire des Hauts-de-France une région pilote en matière d’emploi des plus de 50 ans.
Pour Aletheia Press, Catherine Degans