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Entreprises

Les Petits culottés misent sur la french couche biodégradable

L'entreprise Les Petits culottés a tenu le pari de la couche bébé écologique, économique et Made in France... et de la croissance. Le modèle économique passe par la désintermédiation. Et avec en ligne de mire, la couche biodégradable.

© Adobe Stock.
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La preuve par l'exemple. Le 5 novembre, la Délégation des entreprises du Sénat recevait Johan Bonnet, co-fondateur de l’entreprise Les petits culottés, dans le cadre des rencontres « La parole aux entrepreneurs ». La société, fondée en 2019 qui propose essentiellement des couches pour bébés, constitue une indéniable réussite entrepreneuriale, avec un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros en 2025. «Un bébé sur dix utilise nos couches (…) Fabriquer en France des produits de très grande consommation, c'est possible, et à un prix tout à fait accessible », affirme Johan Bonnet. Ambition originelle de l'entreprise : proposer une alternative à l'existant. A savoir, sur le plan économique, un marché de couches essentiellement produites à l'étranger par des multinationales. Sur le plan écologique, des produits qui mettent 500 ans à disparaître. Sur le plan sanitaire, « les produits ne sont astreints à aucun test. Or, ils sont réalisés avec les mêmes matières issues de la pétrochimie que dans les années 1970. On sait aujourd'hui qu'il y a des problématiques hormonales », explique Johan Bonnet. Avec son associé, Matthieu Batteur, il s'est donc fixé le défi de concilier écologie, made in France, qualité et prix abordable.

Côté production, la société travaille avec de petites entreprises industrielles en Vendée, dans les Vosges et le Morbihan. Les matières premières employées sont d'origine naturelle, leurs analyses toxicologiques, divulguées. Au final, l'impact environnemental est environ 20% plus faible que la moyenne du marché, selon une étude du cabinet indépendant Corpokarma. Par ailleurs, « tout ce qui est sourçable en France l'est », précise Johann Bonnet. Ce qui manque ? Principalement, la cellulose issue du bois, blanchie sans chlore, qui vient de Finlande. « Un produit de haute qualité, naturel et Made in France, cela coûte 30% plus cher à produire. Pour le rendre accessible, nous avons dû réinventer le modèle de distribution », poursuit-il. Les couches sont vendus directement aux consommateurs, par Internet et sur abonnement. 200 000 clients ont souscrit. Leur répartition géographique – essentiellement des zones péri-urbaines et rurales - témoigne du fait que ces couches ne sont pas « des produits de bobos », estime Johan Bonnet. Pour se faire connaître, « le bouche à oreille des parents est de loin notre premier levier de prescription ». La société a également a également mis sur pied un dispositif avec les pharmacies, incitées à conseiller leurs produits.

« On passe de 500 ans à quatre mois ! »

Outre les particuliers, l'entreprise compte aussi parmi ses clients des établissements hospitaliers qui représentent environ 5% de ses revenus. Client pénible pour ses retards de paiement, le secteur public constitue aussi un partenaire précieux : la société expérimente avec lui des pistes d'avenir. Depuis six mois, Les petits culottés ont mis en place un dispositif avec la maternité de l'hôpital Lyon-Sud : l'utilisation de couches entièrement compostables – identiques en termes d'usage- qui sont ensuite collectées, et acheminées dans un site de revalorisation. Trois à quatre mois plus tard, « on a un compost parfait qui est utilisé pour faire du maraîchage. On passe de 500 ans à quatre mois ! », décrit Johan Bonnet.

Si la technique est au point, beaucoup d'écueils restent à surmonter avant de parvenir à une généralisation du processus. Tout d'abord, « clarifier la réglementation » sur le compostage des couches. Il est aussi nécessaire de mobiliser les acteurs qui pourraient participer à un tel dispositif, maternités en tête. Et aussi, « il y a un sujet de bascule pour financer la transition. Ces couches sont deux fois plus coûteuses à produire que les autres », ajoute l’entrepreneur.

En plus des couches, la société produit, depuis deux ans, du lait infantile bio, sur le même modèle de production et de distribution que les couches. En 2020, elle a fondé la marque « Les Petites choses » de protections féminines. Ces produits réalisés à base de matières naturelles, en Catalogne, sont notamment distribués gratuitement via 7 000 distributeurs dans des collèges, lycées ou mairies, dans le cadre des programmes sociaux de lutte contre la précarité menstruelle. Le marché des couches pour les seniors ? «Il est probable que nous l'adresserons dans les deux ou trois ans à venir. Aujourd'hui, la qualité de ces produits est encore plus basse que ceux pour les bébés. Ils provoquent irritations et inconfort. On pourrait faire beaucoup mieux », estime Johan Bonnet . Mais pour 2026, c'est un autre défi que s'est lancé Les Petits culottés : exporter ses couches pour bébés vers les pays limitrophes, Allemagne, Italie ou Espagne.