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Les TPE pâtissent d'une consommation atone

En 2024, les petites entreprises de l'artisanat, du commerce et des services ont vu leur chiffre d'affaires diminuer de 0,9%, d'après l'étude annuelle FCGA, réalisée en partenariat avec Banque Populaire. En 2025, la tendance ne s'améliore pas en particulier dans le bâtiment, en forte chute.

(c) adobestock
(c) adobestock

2024, une année « difficile » pour les entreprises de proximité, synthétise Frédéric Bernard, Président de la FCGA, Fédération des centres de gestion agréés, qui en regroupe 114. Le 10 juin, lors d'une conférence de presse conjointe avec Banque Populaire, elle rendait publique les résultats de « L'observatoire de la petite entreprise FCGA/Banque Populaire – Tops et Flops 2024 ». Le constat est sombre : en 2024, le chiffre d'affaires des petites entreprises a diminué de 0,9%, après avoir augmenté de 1,5% l'année précédente. C'est la première fois que le chiffre d'affaires des TPE recule depuis la crise sanitaire. En cause : un climat économique général peu dynamique. Si l'économie française a enregistré une croissance de 1,1% de son PIB en 2024, le dernier trimestre s’ est achevé sur un léger repli (-0,1%) d'après l'Insee. Et surtout, la consommation des ménages a stagné (+0,2%) sur fond d'une inflation en reflux mais persistante (+3,2% en moyenne annuelle). Plus globalement, les troubles géopolitiques, un climat politique français incertain et des politiques publiques en matière d'aide à la rénovation énergétique mouvantes nourrissent une « instabilité générale (…) qui n'est pas de nature à donner une stabilité, une vision pour les petites entreprises », analyse Frédéric Bernard.

Au delà de la baisse généralisée de l'activité des TPE, les 12 secteurs d’activité analysés dans l'étude connaissent des évolutions très diverses. Seuls deux d'entre eux ne pâtissent pas de la conjoncture et enregistrent une progression nette de leur chiffre d'affaires. Premier d'entre eux, la santé (+3,6%, après -5,1% en 2023). Dans le secteur, les pharmacies affichent une performance particulièrement significative (+3,8%). Second secteur qui a le vent en poupe, les services (+2,0%, après -0,4% en 2023), avec, en particulier, des entreprises de nettoyage qui surperforment (+4,5%).

Moins performants, six autres secteurs voient leur croissance ralentir nettement. Toutefois, ils continuent de connaître une évolution positive. C'est notamment le cas du commerce de détail alimentaire (+1,4%, après +4,3% en 2023). Dans cette catégorie, la crèmerie remporte la palme de la profession qui connaît la plus forte progression ( + 5,6%). Autres secteurs dont la croissance s'affaiblit : les cafés-hôtels-restaurants (+1,0%, après +6,2%) et l'automobile-moto (+1,4%, après +4,4%). Et aussi, la beauté-esthétique (+0,8%, après +2,3%), les transports (+0,2%, après +0,6%) et les entreprises de parcs et jardins (+1,6%, après +2,8%).

Effet « Jeux Olympiques » et chute du bâtiment

Parmi les 12 secteurs examinés, quatre accusent un recul net de leur chiffre d’affaires. C'est le cas de la culture-loisirs (-2,0%). Avec, dans cette catégorie, une exception notable : après avoir touché le fond en 2023 avec un chiffre d’affaires en chute de - 6,6 %, les détaillants d’articles de sport affichent une progression de leurs ventes de + 0,7 % en 2024. L'inversion de tendance est sans doute liée à un effet « Jeux Olympiques ». Autre secteur en chute, l'équipement de la personne (-0,8%). Lui aussi comporte une exception notable, celle de la maroquinerie artisanale, tirée par l'essor du tourisme international (+ 6,3 % , après + 5,7 % en 2023).

Mais dans l'ensemble des entreprises, le secteur qui souffre le plus en absolu est celui du bâtiment qui continue de s’enfoncer dans la crise : avec -5,4%, après -1,3% en 2023, il remporte le triste record de la plus forte baisse sectorielle. Et en son sein, la maçonnerie affiche le plus important recul au niveau de toutes les professions ( -9,2%, après un repli de -2,5% en 2023 ). « Avec la maçonnerie et la couverture qui subissent une forte chute, on peut s 'attendre à voir tous les métiers du second œuvre diminuer dans les mois qui vont suivre », prévient Frédéric Bernard. Et déjà, toutes les activités liées à l'immobilier souffrent, à commencer par l'équipement de la maison (-1,1%). En particulier, l'ameublement subit une baisse de 8,8%. Les agences immobilières vont dans le même sens (-6,8%).

Pour 2025, les perspectives générales ne sont pas très encourageantes. En effet, la conjoncture ne s'améliore pas. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a abaissé son estimation de croissance du PIB à 0,5%, contre 0,8 % précédemment. Et sur le premier trimestre 2025, la FCGA observe une continuité de la tendance baissière de l'activité des entreprises de proximité :- 1,59%, par rapport au même trimestre de 2024. A l'extrême, avec -6,18%, l'équipement de la personne connaît une « tendance très inquiétante », note Frédéric Bernard. Dans le bâtiment, la tendance baissière s'atténue mais se poursuit avec - 3,52%. « Les diminutions des aides à la rénovation énergétique risquent d'impacter très lourdement ce secteur en difficulté », estime Frédéric Bernard.



Une consommation qui se porte ailleurs ?

En 2024, les dépenses des Français par carte bancaire ont augmenté de 3,3%, d'après le baromètre digital & payments, basé sur l'analyse des paiements par carte des clients des banques du groupe BPCE. Dans ce cadre, le e-commerce a connu une croissance exceptionnelle de 7,4%, représentant 28% des montants. Par secteur, c'est la fast fashion qui remporte la palme de la croissance majeure ( +20%).