Macron demande "d'amplifier" la lutte contre le narcotrafic, après l'assassinat de Mehdi Kessaci
Emmanuel Macron a demandé mardi "d'amplifier" la lutte contre le narcotrafic lors d'une réunion d'urgence à l'Elysée, organisée après plusieurs faits criminels ces derniers jours, dont l'assassinat du frère d'un militant écologiste à Marseille. Un "crime d'intimidation"...
Emmanuel Macron a demandé mardi "d'amplifier" la lutte contre le narcotrafic lors d'une réunion d'urgence à l'Elysée, organisée après plusieurs faits criminels ces derniers jours, dont l'assassinat du frère d'un militant écologiste à Marseille. Un "crime d'intimidation" marquant "un point de bascule", selon le gouvernement.
Le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez a ajouté à l'issue de cette réunion qu'il se rendrait, avec son homologue de la Justice Gérald Darmanin, dès ce jeudi à Marseille à la demande du chef de l'Etat.
Le président réunira de nouveau les acteurs de la lutte contre les trafics de drogue "mi-décembre" à l'Elysée, puis se "rendra lui-même sur place à Marseille", a complété M. Nuñez.
"On a constaté que les trafiquants et notamment ceux qui dirigent les mafias marseillaises sont de plus en plus à cran parce que nous menons des actions qui sont extrêmement efficaces", a poursuivi le ministre.
Plusieurs responsables politiques ont appelé mardi matin l'exécutif à passer de la parole aux actes concernant un fléau qui devient un thème majeur des élections municipales de mars prochain.
Etaient aussi présents à l'Elysée les ministres des Comptes publics Amélie de Montchalin et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, ainsi que des magistrats spécialisés dont le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessonne.
Le directeur national de la police judiciaire Christian Sainte participait également à cette réunion. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin y était en visioconférence depuis les Emirats arabes unis.
Jeudi, le frère du militant écologiste Amine Kessaci, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, a été abattu par balle à Marseille. Ses obsèques doivent avoir lieu ce mardi.
Le procureur Bessone n'a pas exclu un assassinat d'avertissement.
Selon une source proche du dossier, le chef de l'Etat a lui-même téléphoné au militant écologiste, dont un autre frère, Brahim, avait aussi été tué en 2020.
"Les grands effets d'annonce, c'est bien, les moyens concrets, c'est mieux", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de la famille Kessaci, Me Mathieu Croizet, rappelant qu'il manque encore 30 magistrats dans la juridiction de Marseille.
"Je ne crois pas au tout répressif, on voit bien que ça ne fonctionne pas (...). On a un Etat exsangue, sans budget, mais les narcotrafiquants eux se frottent les mains, ils n'ont pas de problème de budget", a-t-il ajouté.
Par ailleurs à Grenoble, un jeune adolescent a été touché dans la nuit de samedi à dimanche par trois balles près d'un point de deal. Ses agresseurs sont en fuite.
Nouveau parquet spécialisé
Cette réunion au sommet mardi matin a notamment été organisée, selon l'Elysée, afin d'intensifier la mise en œuvre de la loi promulguée en juin pour lutter contre le narcotrafic, qui monte "en puissance".
Celle-ci prévoit "l'installation du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) qui sera officiellement créé le 1er janvier prochain", précise l'Elysée.
Ce nouveau parquet sera compétent sur les dossiers les plus graves et complexes en matière de crime organisé, sur le modèle du parquet national antiterroriste et du parquet national financier. Gérald Darmanin a proposé de nommer la magistrate Vanessa Perrée à sa tête.
Le garde des Sceaux avait défendu au Parlement la loi sur le narcotrafic, qui comprenait aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs, et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l'isolement les narcotrafiquants les plus dangereux.
Un thème des municipales
A quatre mois des municipales, le thème s'invite dans la campagne électorale.
Le candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a ainsi réclamé "l'état d'urgence à Marseille", une mesure qui donne davantage de pouvoir aux préfets pour interdire certains rassemblements ou décider de perquisitions administratives.
Le thème devrait aussi être abordé au congrès de l'Association des maires de France (AMF) cette semaine à Paris.
L'AMF avait déjà organisé une table ronde sur le narcotrafic l'année dernière car "cette réalité nous la vivons dans les grandes villes, les villes moyennes mais aussi les villages", a souligné son président David Lisnard, maire LR de Cannes (Alpes-Maritimes).
Manuel Bompard, député LFI de Marseille, a lui appelé à "sortir de l'impasse répressive sur la drogue pour privilégier des mesures de santé publique et lutter contre les addictions", tout en renforçant les moyens de la police judiciaire et de la justice afin de "démanteler en profondeur les réseaux de criminalité organisée".
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