Macron se pose en "garant du long terme", au risque de décalage à court terme
Climat, réseaux sociaux, démocratie... Emmanuel Macron se pose en "garant du long terme" pour définir son rôle d'ici à 2027, mais, impopulaire et privé de leviers politiques, il court de plus en plus le risque d'apparaître...
Climat, réseaux sociaux, démocratie... Emmanuel Macron se pose en "garant du long terme" pour définir son rôle d'ici à 2027, mais, impopulaire et privé de leviers politiques, il court de plus en plus le risque d'apparaître en décalage, voire déconnecté, avec l'actualité du pays.
Le président est "le garant du long terme pour le pays, mais aussi le garant de son indépendance", a-t-il dit à la presse à Belem, en Amazonie brésilienne, où il était allé jeudi porter la voix de la France au sommet de la COP30 sur le climat.
Le chef de l'Etat tâtonne depuis la dissolution ratée de l'Assemblée nationale en 2024, qui avait débouché sur la défaite de son camp dans un paysage parlementaire plus fracturé que jamais.
Sa mini-tournée en Amérique latine a parfois donné à voir cette difficulté.
Toujours aux manettes de la diplomatie, domaine réservé présidentiel sous la Ve République, il a naturellement abordé au Brésil avec le président Lula l'accord commercial entre l'Union européenne et des pays du bloc latino-américain du Mercosur.
Lui qui a longtemps jugé ce traité "inacceptable" s'est réjoui, à l'issue de cet entretien, des clauses de sauvegarde obtenues auprès de la Commission européenne, et s'est dit "plutôt positif", bien que "vigilant", quant à la possibilité de donner son feu vert.
Bronca politique et agricole immédiate dans l'Hexagone. Et, comme une illustration cruelle de sa perte d'influence sur les affaires gouvernementales, sa propre ministre de l'Agriculture Annie Genevard, venue du parti de droite Les Républicains, s'est même autorisée à le corriger en affirmant que pour elle, "le compte n'y est pas".
Echec" de son bilan
S'aventurer sur le terrain de la politique nationale se révèle de plus en plus risqué pour Emmanuel Macron, au plus bas dans les sondages.
Deux semaines plus tôt en Slovénie, il avait tenu à dire que le compromis sur les retraites trouvé entre Sébastien Lecornu et le Parti socialiste n'était "ni l'abrogation ni la suspension" de la réforme de 2023, mais seulement son "décalage". De quoi accréditer l'image d'un président qui s'accroche à son bilan, pourtant considéré comme un "échec" par 89% des personnes interrogées dans un récent sondage Odoxa–Backbone pour Le Figaro.
Là aussi, les réactions outrées à gauche avaient forcé son Premier ministre, pourtant un très proche, à le contredire pour confirmer le terme de "suspension".
A Mexico vendredi, Emmanuel Macron a préféré éluder une question sur les débats budgétaires français.
Au début de la tournée, à Salvador de Bahia, il s'était offert mercredi une parenthèse dans ce foyer vibrant de la culture afro-brésilienne.
Au programme, visite d'expositions et plus d'une heure de déambulation au son des percussions et au rythme des danses traditionnelles et des groupes de capoeira.
Dans une cohue chaleureuse, ce président qui aime les bains de foule a toutefois semblé presque sur la retenue au moment de taper sur un tambour ou d'esquisser quelques pas de danse.
Au même moment, à des milliers de kilomètres de l'autre côté de l'Atlantique, la crise politique couvait toujours et, surtout, les chaînes d'information tournaient en boucle sur l'attaque de l'île d'Oléron, où un conducteur venait de faucher volontairement cinq personnes.
Emmanuel Macron ne réagira sur le réseau X qu'une fois sa journée brésilienne terminée - en pleine nuit française.
De retour à Paris, samedi, le chef de l'Etat entend renouer malgré tout avec des dossiers nationaux, par le prisme du "temps long", comme le dit son entourage.
Au programme, peut-être d'ici la fin du mois, un service militaire "volontaire" qui pourrait remplacé le service national universel (SNU), un projet qui lui était cher mais qui a connu beaucoup de vicissitudes.
Et, surtout, son nouveau cheval de bataille: la défense de l'enfance, mais aussi de la démocratie, face à des réseaux sociaux et des algorithmes mal régulés à ses yeux.
Un premier rendez-vous avec des experts fin octobre à l'Elysée, puis un débat avec des élèves mardi à Rochefort, en Charente-Maritime, sont passés relativement sous les radars.
Qu'à cela ne tienne, le président entend récidiver: un échange avec 250 lecteurs du quotidien régional La Dépêche du Midi est prévu mercredi à Toulouse, un exercice qu'il va rééditer à travers la France à un rythme soutenu dans l'espoir de faire émerger ce qu'il considère comme une priorité.
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