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Mero reçoit le label entreprise du patrimoine vivant

L’entreprise familiale Moulinage et Retorderie de l’Oise transforme des fils pour l’industrie et le secteur du luxe. Un savoir-faire rare pour lequel l’entreprise, installée à Neuilly-en-Thelle, vient d’obtenir le label entreprise du patrimoine vivant.

Sophie Théard a repris les rênes de Mero en 2000. © Aletheia Press / DLP
Sophie Théard a repris les rênes de Mero en 2000. © Aletheia Press / DLP

Après un an de travail, l’entreprise Moulinage et Retorderie de l’Oise (Mero) s’est vu attribuer, en octobre, le prestigieux label d’État entreprise du patrimoine vivant (EPV). Créé en 2005, ce label vise à honorer les entreprises françaises artisanales et industrielles porteuses de savoir-faire rares et d’excellence.

En Hauts-de-France, elles sont à peine 61 à en être actuellement détentrices (soit 0,5% des entreprises françaises labellisées). «C’est une reconnaissance de ce que nous faisons depuis la reprise de Mero par ma famille en 1929. C’est aussi un encouragement à continuer», sourit Sophie Théard, qui dirige la société familiale depuis 2000. Aujourd’hui, la société, implantée à Neuilly-en-Thelle, emploie 14 salariés et transforme des fils à destination de l’industrie et du secteur du luxe.

Une valorisation du savoir-faire

«Lorsque l’on m’a proposé de candidater au label EPV, je me suis rendu compte que nous cochions déjà beaucoup de critères : nous avons du matériel d’époque comme des machines récentes, et des savoir-faire anciens que nous continuons à transmettre», raconte Sophie Théard. Si cette distinction aura peu d’impact sur les activités industrielles- qui représentent 90% de l’activité de l’entreprise - elle constitue un véritable atout pour les secteurs de la mode et du luxe, particulièrement sensibles à ce type de certification.

«C’est un label assez extraordinaire, qui reconnaît le caractère exceptionnel de votre savoir-faire et la qualité de ce que vous faites», souligne Bruno Toulemonde, président de l’Association régionale des EPV depuis mars 2025. Après une baisse de régime, le label, lancé il y a 20 ans, ambitionne aujourd’hui d’impulser une nouvelle dynamique autour des 1 200 entreprises françaises labellisées. «Notre association a pour mission de promouvoir les adhérents, en relayant leurs actualités sur les réseaux sociaux, en valorisant leurs savoir-faire ou en organisant des manifestations», détaille le président.

Des usages multiples

Chez Mero, ce titre est surtout perçu comme une reconnaissance de l’expertise des salariés, qui transforment chaque année 210 tonnes de fils. «Nous achetons des fils que nous transformons selon trois procédés : le retordage, le tressage et l’assemblage. Nous travaillons avec tous les corps de métier où l’on trouve un fil ou un cordon», explique Sophie Théard. Les produits de Mero peuvent aussi bien servir à isoler les câbles électriques d’une éolienne ou d’un véhicule qu’être utilisés pour une création de haute couture ou un article de luxe. «Nous collaborons aussi bien avec des fleuristes qu’avec des industriels de l’aéronautique. Nos clients sont très variés», poursuit la dirigeante, qui s’appuie surtout sur quelques clients fidèles. Ces derniers vont jusqu’à aider l’entreprise à investir dans du matériel.

Si Mero travaillait exclusivement à l’origine le fil de soie, elle s’est ouverte à la fibre synthétique à partir de la Seconde Guerre mondiale pour répondre à l’évolution des besoins de ses clients. Aujourd’hui, elle fait partie des rares entreprises à travailler le fil de verre. «L’une de nos grandes forces, c’est aussi notre réactivité : nous avons 95% de nos matières en stock, ce qui nous permet de livrer nos clients en moins de 15 jours», ajoute la cadre.