Ecologie
Recyclage : « le secteur de la montagne est particulièrement mobilisé »
Trois questions à Valentin Détail, chargé de mission collectes innovantes sport chez Ecologic, éco-organisme spécialisé notamment dans les articles de sport et loisirs
Balancer ses skis à la benne ? Ecologic, éco-organisme, organise des opérations de récupération. Le succès de ces dernières révèle la sensibilité des écosystèmes de la montagne aux thématiques environnementales. Pour autant, beaucoup reste à faire en terme de recyclage des produits de sport et loisirs.
En quoi consiste l’initiative la « Grande récup' Montagne » ?
Il s'agit d'une opération que nous avons initié en 2023. Elle vise à collecter du matériel de sport de montagne sur une période de temps déterminée, entre fin octobre et avril. Dans les territoires concernés, nous récupérons des skis, mais aussi des planches de surf, des casques et des bâtons, par exemple, dans des bennes sises dans les déchetteries. Le dispositif s'appuie sur les collectivités locales avec qui nous travaillons déjà, et aussi, sur tout un réseau de professionnels de la montagne. Par exemple, la Fédération française de ski qui promeut cette opération auprès des clubs, ou les magasins de location de matériel de sport qui disposent de matériel qu'ils ne peuvent plus proposer à leurs clients en fin de saison. La partie réemployable du matériel que nous avons collecté est ensuite récupérée par des acteurs de l'économie sociale et solidaire, comme des ressourceries et des recycleries. Celles-ci vont pouvoir remettre à neuf et revendre ces équipements à prix solidaire auprès de particuliers qui n'ont pas les moyens de s'acheter du neuf.
L' opération a été un succès en 2025, que dit-elle de l'écosystème de la montagne ?
Cette année, nous avons collecté 270 tonnes de matériel dans nos 85 points de collecte. Depuis que nous l'avons créée, l'opération connaît un succès croissant. C'est encourageant. Pour 2026, nous visons à multiplier par deux le nombre de tonnes collectées. En effet, nous avons vu que nous pouvions compter sur une forte appétence des acteurs de l'outdoor pour les thématiques du recyclage et du réemploi. La pratique des sports d'hiver, par essence au contact avec la nature, fait qu'il existe un écosystème d'acteurs qui se montrent très engagés. En fait, le secteur de la montagne est particulièrement mobilisé, et cela permet de mettre sur pied des opérations qui englobent toutes les parties prenantes. En octobre, nous avons réuni à Chambéry tous les acteurs qui font vivre « La grande récup' Montagne » pour réaliser un état des lieux de l'opération de 2025 et réfléchir à un plan d'action pour l'an prochain. Parmi les pistes possibles, nous avons évoqué la possibilité de nous appuyer sur des influenceurs sportifs pour soutenir notre démarche.
Comme éco-organisme, Ecologic traite la collecte et les déchets d'équipements électriques et électroniques, d'articles de bricolage et jardin, et enfin de ceux de sport et loisirs. Quelle est la spécificité de ces derniers ?
En 2024, nous avons collecté environ 15 000 tonnes de matériel de sport et loisirs. En comparaison, les mises sur le marché représentent environ 110 000 tonnes d'articles. En fait, cette filière, pour laquelle Ecologic est le seul éco-organisme agréé, est extrêmement jeune. Alors que d'autres ont jusqu'à 20 ans d'expérience, la filière REP sport et loisirs n'est opérationnelle que depuis quatre ans. Le dispositif est donc en train de se construire. Nous avons déjà 2 500 éco-contributeurs, ce qui représente la quasi-totalité du marché. Les grands défis se situent ailleurs. Il faudra parvenir à installer davantage de points de collecte. En outre, la recyclabilité des produits est complexe. Le secteur du sport est composé d'une pluralité d’articles, de la planche de surf, à la paire de crampons en passant par le ballon, et les matériaux utilisés sont très divers. On sait très bien recycler les vélos ou les balles de tennis, mais ce n'est pas le cas de tous les produits. Aujourd'hui, nous recyclons 27% de ce que nous collectons : 27% est réemployé, 17% fait l'objet d'une valorisation énergétique et 29% est éliminé. Nous travaillons à la recyclabilité des produits et à promouvoir l'éco-conception auprès de nos adhérents et metteurs en marché. Ce sont des sujets complexes qui prennent du temps.
DR