Roubaix. Bijouterie Coucot, une brillante créatrice

Derrière les vitrines de Coucot, à Roubaix, chaque bijou - souvent en corne, beaucoup en or ou en argent -, porte l’âme d’un territoire, l’héritage d’une lignée et le regard d'une créatrice qui n’a jamais cessé de chercher le sens et la beauté qui dure. Issue d’une famille d’horlogers-bijoutiers, c’est le grand-père de Julie Lambert-Coucot qui est à l’origine de l’aventure familiale. Natif de Franche-Comté, il partait vendre des montres aux bijoutiers de la région en train ou à vélo depuis Besançon, avant de s’installer définitivement à Avion, près de Lens.

De la Franche-Comté à Roubaix… en passant par le bassin minier

Le père de Julie reprend le flambeau en 1987, un an avant la naissance de cette dernière. C'est dans ce décor que les gestes, les outils et les matières ont façonné son regard d’enfant. Aussi loin qu'elle se souvienne, Julie a toujours voulu créer des bijoux. «Cela m’a semblé évident. J’aimais l’art plastique, le dessin également», indique cette touche-à-tout dont le trait de crayon est en effet plus que sûr.

Elle part alors elle-même se former en Franche-Comté, puis intègre la prestigieuse École Boulle à Paris. Une immersion dans les métiers d’art qui la marque : «Ils veulent que l'on s’intéresse à tous les savoir-faire. Or le mélange des techniques crée de nouvelles approches du métier», analyse-t-elle.

«Je travaillais de 19h à 23h, dans mon appartement»

Après plusieurs expériences - dont un passage chez Dior ou Van Cleef via leurs ateliers de la Place Vendôme -, elle se heurte toutefois à une certaine routine, celle de l'industrie du luxe. «Au bout de la vingtième fois que vous fabriquez la même bague, cela devient répétitif», regrette Julie. Une forme d'ennui qui la pousse toutefois en avant : plus que jamais, elle veut créer.

Madagascar !

Madagascar sera une étape fondatrice : à 21 ans, pour le compte d'amis elle y monte un atelier, forme des équipes, installe des machines. «C’était déjà comme créer une petite entreprise».

En 2013, elle se lance à son compte. D’abord dans le bijou fantaisie, en parallèle de son emploi. «Je travaillais de 19h à 23h, dans mon petit appartement». Puis vient la révélation : retourner aux métaux précieux, l’essence même de son métier, et le faire dans le Nord, une terre qui lui est chère. Elle ouvre ainsi sa première boutique-atelier en septembre 2020, quand elle intègre l’incubateur Maisons de mode. En avril 2023, Coucot déménage aux 83 avenue Jean Lebas, à Roubaix.

Des collections habitées

La signature de Julie ? Une esthétique brute, naturelle. «J’ai créé la collection Sens après le Covid, comme un retour à la nature. J’ai sculpté des éléments naturels : des empreintes de bois, de glace, de métal», explique-t-elle. Le résultat : des bijoux texturés, souvent unisexes, presque archéologiques, comme s’ils racontaient déjà une histoire.

Puis vient la gamme Halo, inspirée des mouvements océaniques, et Hélios, façonnée autour de la lumière et de la chaleur du métal fondu. Des pièces qui brillent, mais dans la simplicité, sans ostentation.

Atelier de noces

Dans l’atelier, Julie accueille aussi, entre autres, des couples venus fabriquer leurs alliances. Une expérience rare, intimiste : «Madame fabrique l’alliance de Monsieur, Monsieur fabrique celle de Madame… C’est très symbolique !». Pour certains, l’empreinte digitale de l’un est gravée dans l’alliance de l’autre. Ces ateliers, confiés à seulement quatre personnes à la fois, sont devenus un pilier de la maison : «On co-écrit l’histoire du bijou avec les futurs mariés».

L'époux de Julie, William, n'est d'ailleurs jamais bien loin d'elle, plongé à 200% dans l'entreprise. Il accueille les clients, gère les salons, le B2B, les devis. «Nous sommes complémentaires. William est davantage extraverti, moi j’aime être au calme à l’atelier. Même si j’aime énormément transmettre via les ateliers, et bien sûr aussi la relation humaine», résume la jeune créatrice.