Saint-Germer-de-Fly, vitrine de la stratégie de décarbonation d’Edilians
Le plus grand site du fabricant de tuiles a bénéficié en 2024, d’une restructuration de l’une de ses lignes de production afin de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Un an plus tard, les bons résultats annoncés se confirment.
Acteur majeur de la fabrication de tuiles en terre cuite, le groupe Edilians, qui compte 14 sites de production en France dont un à Saint-Germer-de-Fly, s’est lancé en 2021 dans un vaste plan de décarbonation. «Nous avons évidemment un rôle à jouer sur l’efficacité énergétique d’un bâtiment, puisque 30% des déperditions énergétiques passent par le toit », souligne Maxime Coutouly, directeur général d’Edilians France. Mais le groupe entend également agir en interne. «En tant que fabricant, il est aussi de notre responsabilité de réduire notre impact environnemental, pour protéger la planète, pour répondre aux exigences réglementaires, mais aussi aux attentes de nos équipes», poursuit le directeur général.
Articulé autour de quatre axes - optimisation des process de fabrication, amélioration et adaptation de l’outil industriel, innovation et recherche de nouvelles énergies décarbonées -, ce programme bénéficie d’un investissement record de 100 millions d’euros. Il a pour objectif de diminuer de 30% les émissions directes de dioxyde de carbone liées à la production de tuiles d’ici à 2030.
C’est dans ce cadre que l’usine de Saint-Germer-de-Fly, le plus grand site du groupe, a vu l’une de ses lignes de production entièrement restructurée. «Nous considérions que le four n’était pas suffisamment performant sur le plan thermique et qu’il nécessitait une maintenance ou un investissement» reconnaît Maxime Coutouly. Une phase de test a donc été mise en place en s'appuyant sur «les innovations technologiques développées par l’entreprise Ceritherm, qui a intégré Edilians en 2023», développe le directeur général.
Des résultats conformes aux attentes
Cette opération d’envergure a nécessité deux ans de travail et dix millions d’euros, dont 3,3 millions financés par l’Ademe. «Il s’agit d’un investissement très lourd. Sans l’appui de l’Ademe, nous ne l’aurions pas réalisé», confie le dirigeant. Lequel rappelle que ces orientations ne sont possibles que grâce à la force du groupe. «Un acteur isolé ne pourrait pas s’engager dans ce type de projet. C’est une stratégie de long terme, fondée sur la conviction que nos choix d’aujourd’hui seront pertinents demain», insiste Maxime Coutouly.
Car, sur le plan financier,«si on ne regarde que les indicateurs économiques, ce sont des investissements dont la rentabilité reste très modeste», sur le plan environnemental, en revanche, l’optimisation de la ligne de production de Saint-Germer-de-Fly semble porter ses fruits. Après plusieurs mois d’utilisation, Edilians Group a constaté une réduction effective de la consommation de gaz de l’ordre de 33% sur son four. «Les résultats stables et sont conformes à nos attentes» confirme Maxime Coutouly.
Continuer à avancer
Fort de ce succès, le groupe Edilians a déjà procédé à l’optimisation d’une seconde ligne de production sur son site du Sud-Ouest. Et une troisième est actuellement à l’étude. «Nous n’allons pas implanter ces technologies partout. Cela dépend du type, du volume et de la dimension des fours. En revanche, nous déployons d’autres approches au sein des sites à plus faible volume», détaille le directeur général. Techniquement, le groupe a d’ailleurs déjà dépassé son objectif initial de réduction de 30% de ses émissions de dioxyde de carbone. Si l’efficience énergétique mise en place y contribue, la baisse de production liée à la crise que traverse le secteur du bâtiment explique aussi ces bons résultats. «Cela ne nous empêche pas d’avancer dans notre plan stratégique et de poursuivre la recherche de nouvelles énergies. Plusieurs alternatives existent, et nous les explorons toutes», indique-t-il.
Mais avant de procéder à de nouveaux investissements, Edilians réalisera des tests afin de s’assurer que les tuiles produites avec telle ou telle énergie conservent le niveau de qualité attendu. «Cela demande un important travail de R&D afin de concevoir des solutions à la fois efficaces sur le plan de la décarbonation et viables économiquement, pour rester compétitifs sur le marché», conclut Maxime Coutouly.
Pour Aletheia Press, DLP