Stocker de l'électricité en toute sécurité : le modèle stéphanais Rayione
Depuis trois ans, la start-up Rayione développe un système sécurisé de stockage d'électricité à partir de batteries de véhicules électrique. Incubée à Seine Ecopolis à Saint-Étienne-du-Rouvray, elle entre en phase de commercialisation.
Produire de l'électricité c'est bien. Mais la stocker pour la consommer quand on en a besoin, c'est encore mieux. Avec le développement de l'autoconsommation et l'incertitude grandissante sur les tarifs de rachat de l'électricité, c'est, en tout cas, devenu une donnée importante à prendre en compte. Et c'est ce que propose la start-up Rayione, incubée à Seine Ecopolis à Saint-Étienne-du-Rouvray, qui développe des caissons de batteries automobiles en seconde vie.
À sa tête, et ce n'est pas un hasard, un ancien du groupe Renault : Mickaël Delamotte. Cet ingénieur a largement participé au lancement des premières voitures électriques du constructeur. «Quand je suis parti fin 2022, je me suis donné pour but de recycler ces batteries que j'avais construites», se rappelle-t-il. Il faut dire que les batteries de véhicules électriques sont mises au rebut alors qu'elles disposent encore de 70 à 75 % de leur potentiel, et peuvent alimenter plusieurs foyers… ou des entreprises.
Rester sous la couverture de l'homologation automobile
C'est ce dernier marché que vise Mickaël Delamotte, avec ses produits pas tout à fait comme les autres. Car si des systèmes réutilisant des cellules de batteries de voitures existent déjà, le concept Rayione va plus loin en réutilisant l'intégralité de la batterie. Et même le calculateur originel du véhicule. «C'est une différence primordiale», insiste le chef d'entreprise. Lequel développe : «Car ce calculateur a été spécifiquement créé pour surveiller chaque cellule de la batterie. En le conservant, en faisant croire à la batterie qu'elle est toujours dans le véhicule, on maintient tous les verrous de sécurité mis en place par le constructeur. On reste sous la couverture de l'homologation automobile.»
Le savoir-faire de Rayione est d'avoir réussi à faire dialoguer ces calculateurs avec l'onduleur à la sortie d'une installation photovoltaïque. Pour l'heure, Rayione ne travaille qu'avec des batteries de Renault Zoé. D'abord, parce qu'elles sont les plus nombreuses sur le marché français. Ensuite, parce que Mickaël Delamotte a signé un accord de partenariat avec le groupe au losange, qui lui a donné accès au programme du calculateur. Les batteries sont ainsi récupérées par le réseau Renault et fournies à Rayione après avoir passé leur "test of health"… leur bilan de santé. Elles ont alors dix ans de vie minimum devant elles, dans un mode de fonctionnement doux qui est celui qu'elles auront à connaître pour leur seconde vie.
Entrée dans la phase de commercialisation
Le produit ainsi créé est désormais opérationnel et la start-up rentre dans la délicate phase de la commercialisation. Un moment charnière avec un besoin en fonds de roulement qui augmente et des fonds initiaux déjà amplement consommée par la R&D. Mais Mickaël Delamotte, qui dispose actuellement d'un salarié, aborde cette étape avec enthousiasme et la volonté, pour l'heure, de ne pas ouvrir son capital.
«On suit le marché du stockage», assure Mickaël Delamotte. Le chef d'entreprise poursuit : «Aujourd'hui, on arrive à 430 – 440 euros du kilowattheure en prix client, là où des particuliers sont plutôt autour de 700 – 750 euros du kilowattheure. Et on travaille à baisser encore ce coût, notamment pour les industriels, sachant que, bien sûr, plus l'installation est importante plus le coût au kilowattheure diminue.» Un premier contrat est signé et de nombreuses pistes sont à l'étude. Pour de grands donneurs d'ordre, pour des acteurs du BTP pour leurs chantiers mobiles, pour des bases-vie en zone de guerre… et même pour servir d'énergie tampon sur des sites à grande capacité.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre
Un produit Made in Normandie
En prolongeant la vie des batteries de véhicules électriques, Rayione essaie en quelque sorte d'effacer l'ardoise écologique de ces produits. Avec des batteries issues directement ou indirectement de Cléon, Mickaël Delamotte tient donc à conserver un regard régional pour la fabrication de ses équipements. La carte électronique développée par Rayione devrait ainsi être produite dès 2026 chez Cera Électronique à Val-de-Reuil.