Synkra : un programme pour prévenir la faillite des entreprises
Face à une vague croissante de défaillances d’entreprises, l’accompagnement devient vital. Benoît Larade, co-fondateur de Synkra, basé à Wimereux, propose un programme pour outiller les dirigeants et renforcer leur «résilience financière». Explications.
En 2024, la France a enregistré 65 000 cessations d’activité selon les chiffres de la CNAJMJ (Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires). Un chiffre en hausse de 20% en un an, symptôme d’une fragilité structurelle des TPE et PME. «Les dirigeants sont très bons techniquement dans leur métier, mais ils n’ont pas toujours les bons réflexes de gestion», observe Benoît Larade. C’est pour combler ce manque qu’il a cofondé Synkra, en janvier 2025 à Wimereux, avec son associée Ericka Lebunetelle, experte en data et gestion financière.
Adopter un pilotage proactif
Tableaux de bord, suivi mensuel et formation à l’analyse des indicateurs : il s'agit de structurer la croissance et renforcer la résilience financière. «Les dirigeants sont très bons techniquement dans le métier qu’ils font. Ce sont des experts qui ont créé leur boîte sur leur expertise, mais ils n'ont pas forcément tous les bons leviers, outils et réflexes pour optimiser leur entreprise», explique-t-il. C’est sur ce manque que l’offre Synkra se positionne.
La promesse des deux experts : permettre aux chefs d’entreprise de passer d’un pilotage «à vue» à un pilotage proactif. «Un entrepreneur ne doit pas conduire son entreprise en regardant dans le rétroviseur, mais bien à travers le pare-brise», résume Benoît Larade. Car l’expert-comptable, souvent perçu comme le partenaire financier naturel du dirigeant, intervient a posteriori. «Quand les résultats arrivent six mois après la clôture, il est trop tard pour corriger la trajectoire», insiste-t-il.
Un accompagnement en cinq étapes
Le programme Synkra, conçu sur le modèle de l’excellence opérationnelle, s’articule en cinq étapes. Tout commence par la définition d’un objectif à trois ans, décliné en plans d’action annuels. Puis vient la mise en place d’un tableau de bord sur Microsoft Power BI, accessible en permanence sur le cloud. Cet outil, véritable cockpit de pilotage, suit deux indicateurs clés : la trésorerie et la rentabilité. «Ils aident le dirigeant à savoir d’où vient réellement son argent. Par exemple, un client du secteur immobilier voit si sa marge provient de la vente, de la location ou du courtage», explique le cofondateur.
L’équipe élabore ensuite un budget prévisionnel précis, pensé comme un «roadbook» : quelles ressources allouer, à quel moment, pour atteindre l’objectif fixé. Enfin, chaque mois, une visioconférence d’une heure et demie est l'occasion de comparer les résultats au plan et d’ajuster la stratégie. «L’idée est de créer des routines de pilotage, comme un sportif qui analyse ses performances à chaque entraînement», illustre Benoît Larade.
Les résultats, selon le dirigeant, sont rapides. «Au bout de sept mois, certains clients ont doublé leur résultat. Ils ont appris à actionner les bons leviers, ajuster les prix, écouler les stocks, réduire les délais de paiement et à anticiper les creux de trésorerie», assure-t-il. Cette approche s’adresse avant tout aux entreprises en croissance, entre 1 et 20 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Vers une diffusion à grande échelle
Fort de quarante-cinq ans d’expérience cumulée, le binôme a déjà accompagné plus de 150 dirigeants au cours de leurs activités professionnelles. Synkra s’appuie désormais sur un réseau d’indépendants et prévoit d’intégrer davantage de personnes freelances à partir de 2026. Des partenariats sont en discussion avec EuraTechnologies, la CPME et plusieurs chambres de commerce pour proposer la méthode à plus grande échelle.
L’objectif affiché par l’équipe : atteindre 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais au-delà des chiffres, Benoît Larade défend une vision. «La résilience financière, c’est anticiper les coups durs avant d’y être confronté. Aller voir le banquier quand tout va bien, plutôt que lorsqu’on est à zéro sur le compte», déclare-t-il. Une philosophie pragmatique, ancrée dans le réel des dirigeants de PME qui a de quoi séduire.
Maéva Asperti