Energie verte

Un nouveau site de production de gaz vert aux Lisières de l'Oise

Après quatre ans de montage et 16 mois de construction, la société Biométhane du Vandy a mis en service, en septembre 2023, un site de production de gaz vert injecté dans le réseau de GRDF, qui a été inauguré le 7 juin, à Saint-Étienne-Roilaye. Ce méthaniseur permet d'alimenter l'équivalent de 4 600 logements récents et évite 5 200 tonnes équivalent CO2 de gaz à effet de serre.

 Ce méthaniseur alimente les communes d'Attichy, Berneuil-sur-Aisne, Couloisy, Cuise-la-Motte, Jaulzy, Rethondes, Tracy-le-Mont et Trosly-Breuil.
Ce méthaniseur alimente les communes d'Attichy, Berneuil-sur-Aisne, Couloisy, Cuise-la-Motte, Jaulzy, Rethondes, Tracy-le-Mont et Trosly-Breuil.

Au milieu d'une parcelle agricole entourée d'un bois, le nouveau méthaniseur de la Communauté de communes des Lisières de l'Oise est implanté à Saint-Étienne-Roilaye. Lancée par quatre agriculteurs - qui possèdent quatre exploitations agricoles sur les communes de Saint-Étienne-Roilaye, Rethondes, Vivières et Croutoy - la société Biométhane du Vandy est portée par Eric, Maxime et Stanislas Béguin ainsi que Fabrice Carbonnaux. Malgré de nombreuses résistances de la part d'un collectif de riverains, le projet est né. « Nous sommes dans la troisième révolution industrielle, celle de la protection de la planète via la décarbonation, l'économie circulaire, et les nouveaux modèles économiques en faveur de modes plus durables de production et de consommation. À la Région, nous l'avons appelée Rev3 », félicite Matine Miquel, vice-présidente à la Région Hauts-de-France.

Ensemble, ces agriculteurs se sont rassemblés pour créer un projet vertueux : fabriquer localement du gaz vert à partir de pulpes de betteraves et de pommes de terre déclassées (entre autres) provenant des exploitations agricoles, ainsi que des CIVES (escourgeons, seigle, maïs, sorgo...). Avec l'injection de 300 Nm3/h (soit 70 tonnes d'intrants traitées par jour), cette production de gaz renouvelable local permet d'alimenter l'équivalent de 4 600 logements récents ou encore plus de 120 bus fonctionnant au carburant gaz vert BioGNV, et évite 5 200 tonnes équivalent CO2 de gaz à effet de serre. « Des hommes avec grand H ont participé à la réussite de ce projet », présente Stanislas Béguin. Car ce projet rassemble également des partenaires financiers. Pour un total de 7,4 millions d'euros d'investissement, la Région Hauts-de-France via le FEDER a participé à hauteur de 997 000 euros, le Crédit Agricole a accordé un prêt bancaire et la plateforme de financement participatif MiiMosa a récolté plus de 600 contributions.

Un nouveau sens au métier d'agriculteur

Comme tout exploitant agricole qui se lance dans la mise en place d'un méthaniseur, la société Biométhane du Vandy est née de trois problématiques que rencontrent les agriculteurs : le déclin et la volatilité des revenus agricoles, la transition énergétique et la transition agroécologique. Face à ces défis, la méthanisation est apparue comme la meilleure solution. « Elle permet la création d'une énergie verte et locale, la production d'engrais naturels qui permet de retrouver une autonomie en intrant, tout en étant une source de diversification des revenues agricoles, assurant ainsi la pérennisation des exploitations », explique Maxime Béguin.

Ce nouvel équipement a été inauguré le 7 juin.

Si la méthanisation permet l'indépendance énergétique en produisant une énergie verte localement par la voie de l'économie circulaire, elle permet également de récupérer du digestat, un fertilisant naturel qui se substitut aux engrais chimiques. Grâce à cette technique, la société Biométhane du Verdi épand 20 000 tonnes de digestat par an sur ses exploitations. « Cela permet aussi une activation de la vie du sol, de créer un couvert végétal et d'éviter l'érosion des sols, note Stanislas Béguin. C'est une démarche bas carbone, une évolution des pratiques pour une agriculture plus durable et une meilleure fertilité des sols. » Le méthaniseur s'ajoute aux panneaux photovoltaïques installés sur l'exploitation, suite à la crise de 2022, représentant 15% des besoins électriques du site. « Avec ce nouveau développement sur notre exploitation, nous avons l'ambition de devenir une ferme autonome en énergie », continue l'agriculteur.

Un territoire en transition écologique

Depuis quelques années, les méthaniseurs font leur apparition dans la région. Aujourd'hui, GRDF compte 94 unités installées, alimentant l'équivalent de 350 000 logements récents chauffés au gaz, évitant 400 000 tonnes de CO2. « Nous participons à l'objectif de la Région qui est de devenir la première région européenne de biométhane injecté », témoigne Didier Cousin, directeur territorial Hauts-de-France chez GRDF.

Dans cette construction d'un avenir durable, la Communauté de commune des Lisières de l'Oise pose les pierres. « Le territoire a fait le choix de développer les ENR, notamment le photovoltaïque et la méthanisation », explique Franck Superbi, président des Lisières de l'Oise. La collectivité développe aussi l'agrivoltaïsme, qui associe une production d'électricité photovoltaïque et une production agricole, et la géothermie, qui permet de produire différents types d'énergie en fonction de la température de la chaleur puisée dans le sous-sol. « À horizon 2026, nous serons un territoire à énergie positive », affirme-t-il. Le président des Lisières de l'Oise ajoute un message qui résume finalement le fondement de cet avenir vert : « Tout projet possède un impact, et nous ne réussirons pas notre transition énergétique et écologique sans un effort collectif. »