Une Cité terrain d'expression des sensibilités de la langue française
La Cité internationale de la langue française, basée à Villers-Cotterêts, vient de dévoiler le programme de sa saison culturelle. Celui-ci vient rappeler que le lieu, loin d'être un temple de la culture, se veut accessible à tous. Stephan Eicher, André Manoukian, les journalistes du Papotin ou encore Agnès Jaoui seront les têtes d'affiche.

La Cité
internationale de la langue française qui fêtera à la fin du mois
d'octobre ses deux années d'existence, dévoile le programme de sa
saison culturelle de septembre à février prochain. Spectacles,
concerts, ateliers, rencontres, conférences, la Cité annonce de
nombreux événements à ne pas manquer. Mais son directeur Paul
Rondin refuse pour autant l'étiquette de temple de la culture. «La
Cité est une maison qui accueille, produit, crée des contenus
qu'ils soient culturels, d'éducation ou de recherche et nous faisons
en sorte qu'elle ne soit pas vue comme un temple de la culture. En prenant pour prétexte des fêtes populaires que sont Halloween, Noël ou encore à
la Saint-Valentin, nous cherchons à aller chercher tous les publics,
à leur dire venez fêter et partager à la Cité entre amis»,
explique-t-il.
Près de 500 000 visiteurs atteints d'ici la fin d'année
Signe le plus probant que la Cité a atteint sa cible, selon son directeur, d'ici à la fin de cette année 2025, elle aura accueilli près d'un demi-million de visiteurs. «Souvenez-vous quand ce projet est arrivé sur le territoire, on nous disait quand même, faire un établissement culturel sur la langue française et la francophonie, les bâillements commençaient assez vite à arriver, se rappelle le directeur. Et pourtant, avec les partenaires et avec l'équipe, nous avons fait mentir cet ennui ou cette idée que la langue pouvait être un sujet excluant, élitaire ou scolaire. La Cité, très sérieuse à la fois et joyeuse tout le temps, montre la langue comme elle se fait et s'invente toujours d'où qu'elle vienne, démontre qu'on ne peut pas échanger sans la langue, qu'il n'y a pas de ferment sans social sans elle et qu'on ne fait pas société sans elle».
Une nouvelle exposition événement
Cette saison culturelle 2024/2025 de la Cité sera marquée par l'inauguration le 4 novembre d'une exposition exceptionnelle, co-produite avec la Bibliothèque Nationale de France (BnF) intitulée «Trésors et secrets d'écriture». Elle donnera à voir par la présentation de manuscrits anciens, les secrets d'écriture de nos auteurs et autrices les plus célèbres. «Elle présentera par exemple une page raturée et annotée de Proust, nous verrons le roman en train de se faire et quelque chose de fondamental, le geste de la main, dans une période où la main est remplacée par l'écran et des touches. Nous verrons la pensée à l’œuvre, le cerveau connecté à la main, la sensibilité, l'erreur et comment on revient sans arrêt sur l'ouvrage», commente Paul Rondin.
La Cité présentera également des récits de soi comme avec Stephan Eicher qui viendra présenter un spectacle musical racontant son histoire, un spectacle qui affiche déjà complet. Le mois d'octobre verra un temps fort avec une journée, le samedi 11 octobre, dédiée aux langues qui s'échappent à travers le lapsus, la dyslexie ou encore par un usage de la langue qui sort d'une norme établie. Au cours de cette journée, l'équipe de journalistes du Papotin viendra à la Cité pour poser ses questions inattendues à Agnès Jaoui, actrice, scénariste, réalisatrice, dramaturge et chanteuse. Octobre sera aussi l'occasion d'un hommage en vidéo à Alain Decaux, Académicien. Toujours en octobre, la Cité explorera la figure de Fantômas, le génie du crime créé par Marcel Alain et Pierre Souvestre.
Un festival de théâtre amateur
Pour la première fois, la Cité accueillera également un festival international de théâtre amateur les 22 et 23 novembre, en partenariat avec Axothéa, la fédération départementale de théâtre amateur de l'Aisne et la FNCTA, la Fédération nationale des compagnies de théâtre amateur. Après un appel à projet, six troupes de Belgique, France, Canada, de Suisse et du Sénégal joueront à la Cité et un prix leur sera remis par le public. La Cité multiplie d'ailleurs les partenariats comme avec la Maison d'arrêt de Laon et l'Observatoire international des prisons et s'intéresse au langage des prisons le 15 novembre avec la linguiste Laélia Véron. En décembre, la Cité dédiera une journée à la langue de la nuit, celle des cabarets et accueillera un récital de cabaret avec la Miss Knife d'Olivier Py.
La nouvelle année débutera à la Cité sur les traces de François Ier en montrant «plus d'une langue» : avant de faire du français la langue du royaume en 1539, le roi fonde en 1530 ce qui deviendra le Collège de France, où l'on enseigne aux côtés du grec, de l’hébreu, du latin et du français, l’arabe. «Il faut absolument comprendre l’arabe pour comprendre le monde», écrira d'ailleurs Rabelais. Le 24 janvier, un colloque est prévu autour du travail de Kateb Yacine, poète, romancier et essayiste algérien. Soucieuse d'explorer toutes les langues, en février, une journée sera dédiée à la langue des signes avec lecture contée, atelier, conférence et spectacle musical. Une journée à ne pas manquer le 7 février. Un mois qui verra l'amour célébré comme il se doit avec la présence le 14 février d'André Manoukian qui racontera, seul au piano, ses grands compositeurs et l'expression des sentiments en musique.
Une large programmation non exhaustive à découvrir au fil des mois à la Cité, également lieu d'accueil d'artistes en résidences mais aussi de chercheurs et d'enseignants. La Cité accueille ainsi 28 résidences et 105 personnes et est aussi espace de formation, notamment des professionnels de l'enseignement en français. «Cette langue française ou plutôt ces langues françaises continuent d'aller bien et cette Cité, si elle est leur havre ou leur port, elle le montre et le démontre», salue Paul Rondin.
Un parcours
dématérialisé à l'automne
À
l'occasion de ses 2 ans, la Cité va décliner son parcours de visite
en version dématérialisée «Le français, l'aventure d'une langue
monde !» Ce nouvel outil interactif sera dédié à
l'apprentissage et à la redécouverte de la langue. Il sera
accessible aux francophones et francophiles du monde entier dans un
cadre pédagogique ou culturel. Ainsi, le parcours de la Cité sera
accessible partout dans le monde en un clic notamment dans les
grandes institutions culturelles mais aussi en France dans les musées
Micro-folies. «Très rapidement, 150, 200 et jusqu'à 400 lieux dans
le monde permettront d'accéder au parcours de la Cité», salue Paul
Rondin, directeur.