À Méru, le musée de la Nacre et de la Tabletterie lauréat du prix Liliane Bettencourt
Lauréat du prix Liliane-Bettencourt pour l’intelligence de la main dans la catégorie «Parcours», le musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru a reçu, le 27 novembre, la visite de Paula Bruzzi, responsable du prix au sein de la Fondation Bettencourt-Schueller.
Ce 27 novembre, le musée de la Nacre et de la Tabletterie a reçu une invitée de marque, Paula Bruzzi, chargée du prix Liliane Bettencourt pour l'intelligence de la main. Cette visite a fait suite au dévoilement, le 20 octobre dernier, du palmarès de la 26ᵉ édition de ce prix porté par la Fondation Bettencourt-Schueller. Le jury, présidé par Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre, a désigné trois artisans d’art ou designers incarnant l’excellence. Dans la catégorie «Parcours», c'est le musée de la Nacre de Méru qui a été retenu.
Cette distinction salue «l’engagement et la contribution exemplaire d’un acteur dans le secteur des métiers d’art», rappelle la fondation. En plus d’une dotation de 50 000 euros, l’institution isarienne sera accompagnée pendant trois ans et pourrait percevoir jusqu’à 100 000 euros supplémentaires. Cette aide accompagnera le musée dans sa modernisation.
Donner de la visibilité au musée
«Au-delà de la dotation et de l’accompagnement, qui va durer plusieurs années, cette distinction donne aussi une réelle visibilité au musée, valorise les métiers de la tabletterie qui demeurent encore largement méconnus», se félicite Florentin Gobier, directeur du musée depuis 2017. Le terme tabletterie désigne l’utilisation de matières naturelles d’origine animale (os, corne, ivoire, nacre, écaille…) ou végétale pour réaliser de petits objets usuels comme des boutons, des dominos ou encore des structures d’éventails.
Déjà pratiqué à la Préhistoire, cet art s’est installé sur le territoire de Méru dès le XVIᵉ siècle. «Il y a toujours eu une séparation entre la fabrication, installée ici, et la vente, qui s’effectuait à Paris. Les ateliers ont toujours été familiaux et la tabletterie fut, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, une activité très lucrative. L’économie locale reposait en grande partie sur ces métiers», rappelle le conservateur. Profondément marqués par le travail de la nacre et par la tabletterie, les habitants ont participé à de grandes collectes d’objets dès les années 1970 dans l’espoir de voir un jour s’ouvrir un lieu dédié à cette pratique.
Il faudra pourtant attendre 1999 pour assister à la création du musée de la Nacre et de la Tabletterie. Installé dans une ancienne usine de boutonnerie, celui-ci a vocation à préserver la mémoire des artisans locaux tout en préparant l’avenir de ces métiers. «C’est un lieu très vivant qui n’est pas uniquement un lieu de promotion des savoir-faire. Il fait aussi vivre la tabletterie dans sa contemporanéité», souligne Paola Bruzzi.
Une nouvelle scénographie
Actuellement, le musée de la Nacre et de la Tabletterie s’étend sur 2500 m2 et accueille annuellement 18 000 visiteurs, essentiellement locaux. Presque inchangée depuis 25 ans, la scénographie devrait profondément évoluer dans les prochaines années grâce à un vaste projet de rénovation. Intitulé «Du vivant à l’objet, métiers d’art en tabletterie», celui-ci vise deux objectifs. Il s'agit tout d'abord d’intégrer une partie des fonds du musée de l’Éventail acquis en 2023.
De nouvelles thématiques seront également abordées. «Actuellement, le musée parle peu de la vie sociale liée à cette activité, du lien avec Paris, des modes qui changeaient très souvent, ainsi que des questions autour du développement durable, de l’utilisation des ressources…», souligne Florentin Gobier. Pour l'heure, aucune date quant au lancement du chantier n'a été annoncée. «Nous avons encore des études complémentaires à mener. Ensuite, il faudra recruter le maître d’œuvre et engager avec lui une bonne année de travail avant d’envisager de débuter des travaux», précise-t-il.