À Tourville-les-Ifs, Weeecycling voit plus grand
Spécialisée dans le traitement et la récupération des métaux issus des déchets électroniques, Weeecycling investit 85 millions d'euros sur son site près de Fécamp. Objectif : multiplier par cinq sa production d'ici 2030.
Investissements et changement d'échelle. Le 28 novembre, l'entreprise Weeecycling inaugurait "presque" son nouveau four et ses nouvelles lignes de tri mécanique automatisées. "Presque" seulement, car ces investissements sont encore à l'état de travaux et devraient être mis en service courant 2026. Mais il fallait bien adjoindre un évènement à la visite de Mathieu Lefevre, ministre délégué chargé de la Transition écologique. Celui-ci avait été invité par Marie-Agnès Poussier-Winsback, députée et vice-présidente de l'Assemblée nationale, fière de mettre en avant une entreprise de l'économie circulaire en plein développement.
Née en 2019, Weeecycling extrait et récupère les métaux dits critiques inclus dans les déchets électroniques pour leur donner une seconde vie. Or, argent, cuivre, mais aussi lithium ou rhodium, sont ainsi récupérés et remis avec un haut niveau de pureté à disposition des fabricants de matériel. «Tout ce qui contient des métaux critiques sous forme solide, liquide ou pâteuse nous intéresse», sourit Serge Kimbel, fondateur et PDG de Weeecycling.
De 15 000 à 80 000 tonnes de déchets
Avec une particularité : l'entreprise ne travaille qu'avec des déchets et n'insère jamais dans son process de matière première brute d'origine directement minière. «La réussite de cette entreprise, c'est un démenti cinglant à tous ceux qui veulent opposer écologie et économie, a déclaré Mathieu Lefevre. Les modèles circulaires sont les modèles de demain. Ils nous permettent d'assurer une partie de notre souveraineté industrielle.» Car l'ensemble des marchés de ces métaux est aujourd'hui sous tension. Du fait de la demande, mais aussi des enjeux environnementaux et surtout géopolitiques autour de la ressource minière.
Alors autant, comme le relève le fondateur de Weeecycling, «compléter le marché des métaux primaires», en utilisant ceux contenus dans les déchets. Et la demande est là, car le gisement mondial, smartphones en tête, est colossal. «Chaque année, le volume de déchets produit augmente de 4 à 5 %. C'est la plus grande croissance en termes de taux et de quantité de déchets, tous flux confondus», souligne Serge Kimbel.
Au point donc, que l'entreprise a besoin de grandir pour mieux répondre aux demandes de ses clients. Aujourd'hui, elle traite 15 000 tonnes de déchets. Son objectif est d'atteindre 80 000 tonnes à l'horizon 2030. Pour les seules cartes électroniques, le volume passerait ainsi de 6 000 à 40 000 tonnes par an.
85 millions d'euros investis d'ici 2030
Les investissements mis en œuvre doivent permettre d'y arriver en faisant sauter quelques goulots d'étranglement dans la ligne de production, tout en améliorant encore le rendement d'extraction. L'enveloppe est de 85 millions d'euros au total, dont environ 20 % sont financés par des fonds européens, nationaux et régionaux. Un montant qui est ventilé dans la quasi-totalité des postes de l'entreprise : dans les traitements thermique, chimique et électrochimique, mais aussi dans la R&D, dans l'aménagement de l'espace et bien sûr dans les ressources humaines. «Ces deux dernières années, nous avons recruté à peu près 80 personnes. Il y a encore une cinquantaine de postes, probablement, qui vont être ouverts en 2026 ; de tous profils. Avec l'objectif d'atteindre environ 250 personnes à l'horizon 2030.»
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre