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Blocage des agriculteurs grecs: le gouvernement met en garde contre l'escalade

Le gouvernement grec a mis en garde mercredi les agriculteurs contre toute escalade de leur mouvement de blocage routier visant à protester contre le retard du versement de subventions européennes, ralenti...

Des agriculteurs grecs bloquent une autoroute pour protester contre des retards de versement de subventions de l'UE, près de Thessalonique (Grèce), le 1er décembre 2025 © Sakis Mitrolidis
Des agriculteurs grecs bloquent une autoroute pour protester contre des retards de versement de subventions de l'UE, près de Thessalonique (Grèce), le 1er décembre 2025 © Sakis Mitrolidis

Le gouvernement grec a mis en garde mercredi les agriculteurs contre toute escalade de leur mouvement de blocage routier visant à protester contre le retard du versement de subventions européennes, ralenti par une enquête sur une vaste fraude.

"Des actions extrêmes, des fermetures prolongées de routes nationales, de bureaux de douane et d'aéroports – ce sont des actions qui ne servent pas leur cause (celle des agriculteurs). Elles causent des problèmes à d'autres groupes sociaux", a déclaré le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis dans des propos retransmis à la télévision en conseil des ministres.

Des milliers d'agriculteurs bloquent avec leurs tracteurs depuis dimanche l'autoroute Athènes-Thessalonique, dans le nord de la Grèce. Ils ont menacé mercredi de fermer la frontière avec la Bulgarie.

Le gouvernement a tenté de maintenir l'autoroute ouverte avec la police anti-émeute, mais mercredi, les manifestants sont arrivés jusqu'à 10 km de la frontière avant d'être bloqués par les forces de l'ordre.

De longues files de voitures et de camions se sont déjà formées à la frontière.

Les agriculteurs grecs sont confrontés à une forte baisse de revenus, à cause d'une épidémie de variole du mouton qui a entraîné la perte de 400.000 bêtes. 

Une enquête des autorités européennes sur une vaste fraude aux subventions agricoles ralentit par ailleurs leur versement.

Les procureurs européens avaient révélé ce scandale de fraude en mai en ouvrant l'enquête. Selon les autorités grecques, le préjudice porte sur plus de 30 millions d'euros de subventions de la PAC (Politique agricole commune de l'UE) détournées par des personnes réclamant une aide pour des terres qu'elles ne possédaient pas ou exagérant la taille de leurs troupeaux.

Dupés

Le gouvernement assure que les agriculteurs en droit de recevoir des subventions ne perdront pas de revenu quand l'enquête sera terminée.

"Tout le monde est conscient que nous traversons une période de transition difficile", a lancé M. Mitsotakis mercredi. 

Les agriculteurs non fraudeurs toucheront plus de 500.000 euros de plus qu'en 2024, a-t-il précisé. 

De nombreux paysans jugent ces garanties insuffisantes et tardives.

"Nous ne voulons plus être dupés. Depuis 2014, les subventions n'ont cessé de diminuer", a dénoncé Aris Lioutas, cultivateur de coton de 55 ans et syndicaliste local, sur la route de Promachonas.

"Avant, je touchais environ 6.000 euros (de subventions) par an pour environ 150 acres (60 hectares) de coton, mais cette année, je n'ai même pas reçu 1.000 euros à cause du scandale", dit-il à l'AFP à côté d'une longue rangée de tracteurs plantés de drapeaux noirs et grecs.

La famille de Giorgos Nikolis, 18 ans, cultive des tomates industrielles. Il affirme que tout le secteur est "désespéré".

"Le secteur primaire est en train de mourir, et les conséquences seront très néfastes pour la société dans son ensemble", juge-t-il, dénonçant aussi le fait que "les prix de nos produits sont scandaleusement bas".

De leur côté, les éleveurs réclament des indemnisations suite à la perte de plus de 400.000 moutons et chèvres, abattus à cause d'une épidémie de variole du mouton. Les autorités refusent d'autoriser la vaccination des troupeaux, arguant qu'il n'existe aucune preuve de son efficacité.

"Des gens ont tout perdu en une journée à cause de cette maladie", selon M. Nikolis. "Nous sommes tous désespérés. Ca ne peut plus durer, et chacun doit le comprendre". 

Christos Trikalianis, un cultivateur de maïs de 65 ans, dit avoir appris que des personnes ayant des relations politiques percevaient des millions en subventions, et s'être senti "four de rage".

"Les subventions que nous recevons sont désormais scandaleusement faibles. Il y a quelques jours à peine, j'ai reçu environ 700 euros nets", fustige-t-il. "C'est une véritable insulte d'entendre parler de millions distribués à des gens qui n'ont aucun lien avec la production agricole".

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