Colère des taxis: le gouvernement va étudier leurs propositions
Faire des économies sans mécontenter les taxis: le gouvernement a proposé mercredi d'étudier, avec les représentants de la profession, de nouveaux calculs pour les conditions de rémunération du transport des...

Faire des économies sans mécontenter les taxis: le gouvernement a proposé mercredi d'étudier, avec les représentants de la profession, de nouveaux calculs pour les conditions de rémunération du transport des patients, mais de nombreux professionnels restent méfiants.
À l'issue d'une réunion avec les organisations de taxis, mobilisés depuis plusieurs semaines, le ministre de la Santé Yannick Neuder a assuré qu'il fallait "continuer à travailler ensemble pour trouver des solutions qui soient d'intérêt national".
Il a renvoyé à une nouvelle réunion dans 15 jours. D'ici là, l'Assurance maladie (CNAM) devra évaluer les propositions faites par les taxis.
Après des semaines de mobilisation pour demander une rencontre directe avec le gouvernement, les représentants des taxis se sont montrés plutôt satisfaits.
"Le ministre a compris que le système proposé par les services de la CNAM n'était absolument pas viable pour les entreprises de taxi", a souligné à l'issue de la réunion Rachid Boudjema, président de l'Union nationale des taxis.
Il s'agit notamment de prendre en compte le retour au compteur (et non au forfait) pour la plupart des trajets, et la "marche lente" en cas de bouchons.
"La grande avancée, c'est que ces propositions vont être chiffrées et voir si elles rentrent dans les objectifs budgétaires", a indiqué Bilal Bouammar, de la Fédération des taxis indépendants, à l'issue de la réunion. "On est plus dans une négociation que dans l'imposition de mesure comme ça s'est fait pendant un an et demi (avec la CNAM)", a-t-il relevé.
Les taxis sont toutefois prêts à se mobiliser de nouveau en cas de nouvelle déception, car ils sont "pris à la gorge ", a indiqué M. Boudjema à l'AFP.
La méfiance planait, en effet, devant le ministère de l'Économie, à Paris, où des centaines de manifestants venus de toute la France ont garé leur taxi, bloquant plusieurs rues.
"Ils veulent gagner du temps. En juillet-août, vous pouvez bloquer Paris, ils n'en ont rien à foutre. On reste! Si on part, on ne reviendra plus", a lancé un manifestant.
Economies
D'ici la prochaine réunion, "il va y avoir des actions sporadiques et incontrôlées", a prévenu Gérôme Lassalle de l'association Elite Taxi.
La préfecture des Pyrénées-Atlantiques a d'ailleurs interdit mercredi soir une manifestation de 500 taxis attendue à compter de jeudi à Pau, ville du Premier ministre François Bayrou, en raison de "risques de troubles à l'ordre public". Des taxis venus de plusieurs départements avaient bloqué la gare de Pau pendant deux semaines en mai.
Mercredi, en région parisienne, un convoi venu de l'aéroport de Roissy a ralenti dans l'après-midi la circulation sur le périphérique.
Les taxis protestent contre la nouvelle convention de l'Assurance maladie régissant le transport des malades en taxi, censée entrer en vigueur le 1er octobre.
Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par la Sécurité sociale, puis un tarif kilométrique. Mais les taxis craignent, par exemple, que les temps d'attente lorsque le patient est en consultation à l'hôpital ne soient plus rémunérés.
Le chiffre d'affaires de certains artisans-taxis repose parfois aux deux tiers sur le transport des patients vers les hôpitaux ou à leurs rendez-vous médicaux, notamment dans les zones rurales ou les petites villes.
L'Assurance maladie souhaite économiser de l'argent en développant des plateformes centralisant les demandes, pour rationaliser les allées et venues des taxis, permettre le transport partagé et éviter retours à vide ou longues périodes d'attente des véhicules.
Blocage
Entre 2019 et 2024, les dépenses de transport sanitaire ont explosé pour atteindre 6,74 milliards d'euros annuels, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, soit une augmentation de 45%.
Pendant la deuxième quinzaine de mai, la profession avait déjà bloqué gares et aéroports et occupé certains axes, dans plusieurs villes de France, notamment sur le boulevard Raspail à Paris, à deux pas du quartier des ministères.
Outre leurs griefs contre la convention avec l'Assurance maladie, les taxis dénoncent aussi les chauffeurs VTC, accusés de concurrence déloyale et de pratiquer la maraude - le fait de circuler à vide à la recherche de clients -, ce qui leur est interdit.
Le gouvernement a affirmé qu'il allait accentuer les contrôles pour s'attaquer aux fraudeurs. Une célérité qui a mis en colère les chauffeurs VTC, reçus à leur tour le 3 juin au ministère des Transports. Ils ont eux aussi appelé à une semaine de mobilisation à partir de mardi.
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