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Ilisto : le TGV à petits prix passera par la gare Haute-Picardie

Porté par la start-up Kevin Speed, le service ilisto devrait, d’ici cinq ans, proposer des liaisons quotidiennes entre Paris et Lille. Ces trains à grande vitesse marqueront systématiquement un arrêt à la gare TGV Haute-Picardie.

La gare TGV Haute-Picardie devrait voir s'arrêter les trains à grande vitesse "ilisto" dans cinq ans.  © Benoit Prieur
La gare TGV Haute-Picardie devrait voir s'arrêter les trains à grande vitesse "ilisto" dans cinq ans. © Benoit Prieur

Lancé il y a bientôt trois ans, Kevin Speed ambitionne de démocratiser la grande vitesse grâce à son offre ilisto qui proposera des rotations quotidiennes à des prix attractifs. Un modèle qui s’inspire directement du transport aérien. «Notre volonté est de permettre aux habitants des territoires desservis de vivre et de travailler où ils le souhaitent», souligne Claire Bonniol, directrice générale et cofondatrice de Kevin Speed. La responsable partage avec les trois autres cofondateurs, Laurent Fourtune, Jihane Mahmoudi et Guy Saidenberg, le même intérêt pour «la question de la mobilité qui est un enjeu central». Malheureusement, Claire Bonniol constate que «les abonnements TGV actuels sont très onéreux lorsque l’on doit se déplacer fréquemment». Une problématique que l'entreprise veut résoudre rapidement.

Ainsi, en février 2024, la start-up ferroviaire a signé des accords-cadres avec SNCF Réseau pour trois lignes : Paris-Lyon, Paris-Strasbourg et Paris-Lille. «Pour ces liaisons, nous prenons l’engagement de nous arrêter dans toutes les gares TGV présentes sur les parcours, comme la gare TGV Haute-Picardie. C’est important car ces arrêts ont été quelque peu délaissés ces dernières années», précise la directrice. L’entreprise espère boucler son financement d’ici la fin de l’année, en vue d’une mise en service de ses trains d’ici cinq ans.

Faire vivre les gares secondaires

«Paris–Lille nous intéresse particulièrement car c’est une ligne très fréquentée et qui correspond bien à notre modèle : des liaisons courtes entre grandes métropoles», explique Claire Bonniol.
L’arrêt à Haute-Picardie est vu comme une opportunité de service, à la fois pour les usagers et pour le territoire. «Évidemment, nous n’y aurons pas autant de voyageurs qu’à Lille. Mais ceux qui effectuent actuellement les trajets Picardie–Marne-la-Vallée ou Picardie–Roissy pourraient être intéressés par la possibilité de rejoindre directement le centre de Paris», souligne celle qui ne perçoit pas non plus comme une menace l’arrivée du barreau Creil–Roissy, prévue pour 2027.

«Il faut comprendre que notre modèle économique repose sur des arrêts dans les gares intermédiaires. Nous croyons fermement qu’il y a un vrai service à rendre aux habitants autour de ces gares», assure la cofondatrice. Même s’il s’agit d’un marché secondaire, Kevin Speed entend s’inscrire dans la durée. «Nous n’allons pas cesser de desservir ces gares. C’est par la régularité que l’on fera revenir les voyageurs», analyse la directrice générale de l’entreprise.

Participer à la dynamisation du territoire

Ces arrêts quotidiens pourraient enrayer la dynamique négative que connaît aujourd’hui la gare TGV Haute-Picardie. La structure, qui a accueilli 290 795 voyageurs (source : SNCF), a vu le nombre d’arrêts quotidiens être divisé par deux en une décennie. En 2011, la gare des betteraves, comme on la surnomme, comptait 22 arrêts par jour. Depuis décembre 2024 et la mise en place d’une nouvelle grille horaire, seuls 12 trains y marquent désormais l’arrêt.

Autre perspective positive pour le territoire : Kevin Speed envisage d’installer ses ateliers de maintenance en région, et non dans les grandes métropoles. «Ce serait intéressant pour le développement local, avec potentiellement la création de centres de compétences et des recrutements associés», conclut Claire Bonniol.