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RH

La formation, pilier pour l'adaptation et la confiance des actifs

Le monde du travail continue de subir des transformations rapides, poussant les actifs à s'adapter constamment. Malgré ces changements, la confiance en leur avenir professionnel reste forte. Le 6 ème baromètre de Centre Inffo, avec l'Institut CSA, met en lumière l'importance de la formation professionnelle et les attentes en matière de reconversion professionnelle.

(c) Adobe stock
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En 2025, 69% des actifs se déclarent confiants en leur avenir professionnel, soit une augmentation de deux points par rapport à 2024*. « Les turpitudes économiques n’entament pas leur confiance », note Julie Gaillot, codirectrice de pôle au sein de l’institut CSA. Cette confiance est particulièrement marquée chez les cadres et les 18-24 ans, avec respectivement 81% et 80% d'entre eux exprimant un optimisme accru.

«Les jeunes entrent sur le marché du travail avec un niveau de confiance extrêmement élevé», relève Julie Gaillot. Cependant, cette confiance coexiste avec une perception des transformations rapides des métiers. En effet, 85% indiquent que leur métier évolue, dont 43% «rapidement», un phénomène qui semble s'accélérer légèrement ces dernières années. «Pour la première fois en 2025, la part de ceux qui disent que leur métier va évoluer très vite est plus importante que les autres». Néanmoins, la majorité d’entre eux (70%) confient qu’ils feront le même métier dans cinq ans, mais «pas forcément de la même manière», pour près de la moitié : «Ils ont conscience qu’ils devront s’adapter», explique Julie Gaillot.

Principale conséquence de cette transformation des métiers, la moitié des actifs réfléchissent à un changement d'emploi, même si cette proportion reste relativement stable depuis 2021. Parmi eux, 34% l’envisagent à court terme, soit dans les deux ans à venir (- 3 points par rapport à 2024). «C’est rassurant que nos jeunes soient confiants dans l’avenir et dans leur insertion professionnelle. Ce qui est plus surprenant, c’est cette volonté très forte de vouloir changer d’emploi», commente Stéphane Rémy. Pour le sous-directeur des politiques de formation et du contrôle à la DGEFP, Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (ministère du Travail), le Covid constitue «un accélérateur de ce questionnement» sur le travail, leur équilibre de vie et leurs valeurs. Cette tendance souligne la nécessité pour les entreprises de mettre en place des stratégies de rétention et de développement des compétences pour répondre aux aspirations changeantes de leurs employés.

Responsabilité partagée

Principal levier pour s’adapter à ces évolutions des métiers, la formation professionnelle. Pour 74% des actifs, la responsabilité de leur parcours de formation professionnelle continue leur incombe principalement. «C’est intégré que celle-ci relève de leur responsabilité», relève Julie Gaillot. Ce dont se félicite Pascale Romenteau, directrice générale de Centre Inffo : «la loi de 2018 a gagné son pari. La liberté et la responsabilité de choisir sa formation, ça marche !». Néanmoins, ce résultat, en baisse depuis 2022, traduit une attente croissante envers les pouvoirs publics et les entreprises pour qu'ils jouent un rôle plus significatif dans ce domaine. Pour Pascale Romenteau, les salariés «se sentent forts et se sentent en capacité. Ce qui n’exclut pas d’avoir besoin d’être accompagné, car cela reste un écosystème complexe».

En pratique, 69% des actifs ont le sentiment d'être suffisamment acteurs de leur formation continue, en particulier parmi les indépendants, les cadres et les moins de 35 ans. Cependant, les chômeurs et les plus de 50 ans se sentent moins en contrôle de leur parcours de formation. Et Stéphane Rémy de conclure que «ce sentiment de responsabilité individuelle» est «rassurant» et montre que le CPF (Compte personnel de formation), outil jugé «facilement accessible» avec «36 000 comptes ouverts, huit millions de dossiers de formations accompagnés et financés depuis la réforme», a facilité cette prise de responsabilité.

L’information inégalement partagée

Aujourd’hui, un peu plus de la moitié des actifs (53 %) estiment être bien informés en matière de formation professionnelle, alors qu’ils n’étaient que 43 % en 2020. Cette progression globale masque toutefois de fortes disparités selon les profils. Les plus de 35 ans, les demandeurs d’emploi ainsi que les agents de la fonction publique d’État sont nettement moins nombreux à partager ce sentiment, exprimant au contraire un réel besoin d’information. Parmi les facteurs impactant, l’âge : les plus jeunes se déclarent mieux informés (74 % des 18-24 ans, contre seulement 47 % des 50-64 ans). Le niveau de diplôme joue également un rôle significatif : les titulaires d’un bac +2 sont ceux qui se sentent les mieux renseignés. À l’inverse, les plus diplômés apparaissent paradoxalement en déficit d’information, selon les données de Centre Inffo. Les demandeurs d’emploi ne sont que 36 % à s’estimer bien informés. Un écart se creuse également selon les catégories socioprofessionnelles : 59 % des cadres se sentent bien renseignés, contre seulement 52 % des ouvriers, alors même que ces derniers présentent souvent une employabilité plus fragile. Julie Gaillot regrette que ceux qui auraient le plus besoin d’information soient précisément ceux qui s’en sentent le plus dépourvus : «L’information fait partie des outils indispensables pour se sentir en maîtrise».

Concernant les thématiques, une courte majorité (52 %) des actifs affirment bien connaître le CPF et les droits en matière de formation. En revanche, ils se disent peu informés sur les secteurs et métiers porteurs, les lieux d’information ou encore les organismes de formation proches de chez eux. Le constat est particulièrement alarmant sur les modalités de financement : 57 % des actifs déclarent ne pas s’y retrouver, alors même qu’ils disposent de budgets souvent très restreints. «C’est un véritable enjeu», alerte Julie Gaillot. Un constat partagé par Stéphane Rémy, pour qui «il existe une véritable méconnaissance des métiers et des filières, ce qui appelle un effort massif en matière d’orientation et d’investissement». Les cibles prioritaires pour toute stratégie d'information ? Les chômeurs, les ouvriers et les actifs de plus de 35 ans.

La reconversion professionnelle en ligne de mire

Au global, plus d'un tiers des actifs (36%) envisagent une reconversion professionnelle, principalement à un horizon de deux à cinq ans. Cet intérêt souligne la nécessité pour les entreprises de mettre en place des programmes d'accompagnement et de formation pour faciliter ces transitions. La majorité des actifs en reconversion ou envisageant une reconversion professionnelle (75%) estiment que l'accompagnement est essentiel. De plus, 60% d'entre eux suivent, ont suivi ou prévoient de suivre une formation spécifique pour faciliter leur transition.


** Étude menée en ligne en février 2025 auprès de 1 621 actifs français âgés de 18 ans et plus


Des dispositifs encore méconnus

Pour se renseigner sur la formation professionnelle, les actifs plébiscitent les canaux numériques (38% utilisent les moteurs de recherche, 27% consultent des sites Internet spécialisés). Les échanges avec l'employeur (32%) et le réseau professionnel (25%) sont également des sources d'information importantes.

Parmi les dispositifs de formation les plus connus, l'apprentissage et le bilan de compétences (cités par plus de 90 % des actifs). La Validation des Acquis de l'Expérience (VAE), suscite l'intérêt de 59% d’entre eux, notamment parmi les plus jeunes, les employés et ceux ayant déjà connu une période de chômage. En revanche, des dispositifs comme le CEP (45%), Pro-A (36%) et Cléa (31%) nécessitent de renforcer leur visibilité.