Conjoncture

Le e-commerce impacté par la crise

Avec près de 160 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023, le e-commerce a subi l'effet des arbitrages de consommation. 200 000 sites marchands ont vu leur performances baisser de 1,8 % sur un an, selon la Fevad. Une étude montre que les cyberacheteurs utilisent le temps gagné en faisant leurs courses en ligne... pour sortir d'Internet.






© : Anne Daubrée De gauche à droite, François Momboisse, président de la Fevad, Céline Bracq, directrice générale d'Odoxa, et Marc Lolivier, délégué général Fevad (au micro).
© : Anne Daubrée De gauche à droite, François Momboisse, président de la Fevad, Céline Bracq, directrice générale d'Odoxa, et Marc Lolivier, délégué général Fevad (au micro).

L'exception du e-commerce semble avoir vécu. La Fevad, Fédération du e-commerce et de la vente à distance, présentait le bilan du e-commerce en France en 2023, lors d'une conférence de presse, le 8 février à Paris. Au total, le secteur pèse 159,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023, soit 10,5 % de plus que l'année précédente. Mais l'inflation, qui a dépassé les 4 % l'an dernier, est pour beaucoup dans cette évolution. En effet, la vente de produits en ligne, elle, a souffert : le chiffre d'affaires d'un panel de 200 000 sites marchands (selon des données agrégées fournies par des plateformes sécurisées de paiement en ligne) a baissé de 1,8 % sur un an. Dans la catégorie des produits, un segment connaît une évolution positive (en volume) : celui de la seconde main. Selon la Fevad, cette tendance pourrait aussi expliquer une partie de la baisse des ventes de produits neufs et donc, une perte de chiffre d'affaires. En revanche, les services en ligne ont vu leurs ventes augmenter de 20 % en valeur et de 12 % en nombre de transactions. En particulier, «les voyages et les loisirs constituent une véritable bouffée d'oxygène pour les Français», note Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. Les sites de voyages et de tourisme ont vu leur chiffre d'affaires progresser de 13 %, et 60 % des Français ont acheté un voyage. Au global, analyse Marc Lolivier, «les courbes des services et des produits se sont inversées.» Les produits, qui avaient connu une très forte croissance durant le Covid, ont ensuite subi une décrue, suivie d'une stabilisation qui perdure à un niveau au-dessus du seuil pré-covid. «Nous ne revenons pas en arrière», précise Marc Lolivier. À l'inverse, les services qui avaient souffert durant la crise Covid ont repris leur évolution à la hausse. Autre constat, le e-commerce continue de devenir une pratique toujours plus banale : 2,35 milliards de transactions ont été comptabilisées, soit 4,9 % de plus de l'an dernier. Les cyberacheteurs réalisent 60 achats par an, soit plus d'un par semaine. Pour 2024, les prévisions de la Fevad restent prudentes. «Le marché va dépendre de la conjoncture économique. Tant que nous resterons sur un marché marqué par les tensions sur le pouvoir d'achat et les hausses des dépenses contraintes comme l'énergie, nous resterons sur ce plateau. Auparavant, le e-commerce passait au travers des affres de la conjoncture économique. Ce n'est plus le cas. Le secteur est devenu mature», analyse Marc Lolivier.


Du temps, mais pour quoi faire ?

Les résultats d'une étude d'Odoxa sur le comportement des cyberacheteurs et la manière dont ces pratiques font évoluer leur quotidien ont été aussi dévoilés, lors de la conférence de presse. Concernant les achats de produits que les Français réalisent en ligne, ceux concernant la mode et l'habillement arrivent en tête (53 % des cyberacheteurs), suivis des chaussures et des produits hygiène-beauté, à égalité (39 %). Au niveau des services, les billets de transports représentent la première dépense (36 % des cyberacheteurs), au même niveau que les séjours et suivis des billets de spectacle ou musée (31 %), puis des services financiers (27 %). Quant aux modalités d'achat, «nous constatons une tendance intéressante. Le smartphone devance l'ordinateur pour les moins de 50 ans, et au-delà de cet âge, c'est l'ordinateur qui reste la référence», note Céline Bracq, directrice générale d'Odoxa. Tous âges confondus, 77 % des cyberacheteurs optent pour l'ordinateur, 62 % pour le téléphone mobile. Et près de la moitié utilisent plusieurs écrans. Au chapitre des modes de paiement, «c'est le règne de la carte de crédit. (…) Elle est probablement confortée par les appels à la vigilance des pouvoirs publics sur les nouveaux modes de paiement», explique Céline Bracq. La carte de crédit est en effet utilisée par plus de huit cyberacheteurs sur 10. Les solutions de paiement type Paypal par 37 % d'entre eux, et les cagnottes, par 6 %. Autre constat de l'étude, 65 % des cyberacheteurs estiment que cette pratique a un impact positif sur leur vie. Chez les autres, 26 % considèrent que le cybercommerce n'a pas d'impact et 8 % qu'il est négatif. Parmi les satisfaits, ils sont plus de huit sur 10 à estimer que cet usage a l'avantage de leur faire économiser du temps. «Ce temps gagné est utilisé pour l'essentiel hors Internet», dévoile Céline Bracq. C'est le cas pour 79 % de ces répondants. Ils se consacrent à la famille, aux amis, au bricolage ou aux activités culturelles, 28 % utilisent ce temps à d'autres activités en ligne. Et 17% à travailler davantage...