Le lagunage de Quend/Fort-Mahon toujours plus innovant
Créé en 1997, ce lagunage reste un modèle en matière de gestion écologique des eaux usées. Près de 900 000 m3 d’eau sont traités chaque année. Afin de garantir, le rejet à la nature d'une eau de la meilleure qualité bactériologique possible le syndicat intercommunal d’aménagement Quend-Fort-Mahon a confié à Veolia des travaux pour mettre en place un traitement tertiaire de désinfection à l’acide performique.

L’automobiliste qui circule sur la route de Berck à Fort-Mahon n’imaginerait pas qu’au long d’un chemin en craie se dévoile un lagunage unique dans les Hauts-de-France. D’une surface totale de 50 hectares, dont 32 occupés par l’eau, il permet l’épuration des eaux usées de Quend et Fort-Mahon. Rappelons que ces deux communes emblématiques de la côte picarde voit le nombre de leurs habitants passer de 5 000 en hiver à 50 000 en été. Créé en 1997, il est toujours synonyme d’innovation.

Des eaux qui partent vers la mer
Les eaux usées transitent et décantent au fil des sept bassins que composent le site pendant une durée d’un à trois mois. D’une profondeur de 100 à 180 cm, ils se succèdent. Chacun étant moins profond et situé en contrebas du précédant. Avant de transiter dans les bassins, les eaux usées sont collectées et acheminées vers un pré-traitement qui permet d’éliminer graisses, sables et objets indésorables comme des lingettes ou des mégots de cigarettes. 2 à 3 tonnes sont ainsi récoltés chaque année : «L’eau est de plus en plus épurée car chaque bassin a un éco-sytème différent, a expliqué Sébastien Moncomble, manager de service chez Véolia, lors de l’inauguration du nouveau traitement tertiaire. Elle rejoint ensuite la baie d’Authie puis la mer».
Près de 900 000 m3 d’eau y sont traités chaque année. En période estivale, dans un souci de préservation de l’eau potable, ces eaux traitées peuvent également participer à l’arrosage du golf de Belle-Dune (70 000 m3 d’eau potable, soit 25 piscines olympiques) à Fort-Mahon-Plage. Une partie des eaux traitées sont renvoyées en tête de station pour booster en oxygène les bassins de têtes.

Situé sur un axe migratoire majeur, c’est un véritable sanctuaire de biodiversité et une réserve naturelle pour les oiseaux. Actuellement, environ 150 cygnes tuberculés en ont fait leur havre de paix. En pleine mue, il ne peut plus voler actuellement. Algues et autres crevettes font son bonheur. En octobre/novembre, c’est un paradis pour près de 1 000 canards souchets. Les populations font l’objet d’une surveillance et d’un suivi ornithologique de la part de fédération de la chasse de la Somme et de l’association des chasseurs de la baie d’Authie.
Durée de vie de l'acide de moins de 30 minutes
Les eaux font l’objet de contrôles plusieurs fois par semaine par les équipes d’exploitation. Dans ce cadre plusieurs non conformités ont été détectées. Afin de garantir, en toutes circonstances, le rejet à la nature d'une eau de la meilleure qualité bactériologique possible, le syndicat a engagé des travaux, confiés à Veolia. Le choix s’est porté sur un traitement tertiaire par désinfection à l’acide performique.
«L’acide performique est un puissant composé qui ne peut être fabriqué en usine car sa durée de vie, moins de 30 minutes, est très courte, a informé Sébastien Moncomble. Il est produit en équilibre avec l’acide formique et le peroxyde d’hydrogène. Il désinfecte rapidement et à faible dose. Il est capable de tuer les germes fécaux et les virus. C’est un produit totalement inoffensif pour l’environnement».
Ce traitement tertiaire a fait ses preuves, notamment sur la station d’épuration de Valenton où il a participé à l’amélioration des eaux de la Seine qui a permis le retour à la baignade pour les jeux olympiques de Paris. Les équipes de Véolia ont donc créé une unité de traitement, installée immédiatement en amont du rejet d’eau à la nature. Cette unité vise à injecter une infime quantité d’acide performique (entre 2 et 3 ppm soit entre 2 et 3 mg/l d’eau) afin d’éliminer définitivement les bactéries, comme l’E-coli, et, par conséquent, de garantir la conformité bactériologique de l’eau rejetée. L‘équipement sera utilisé essentiellement entre le 15 avril et le 15 septembre.

Au moment des discours, Patrice Rampini, président du syndicat intercommunal pour l’assainissement de Fort-Mahon et de Quend a rappelé l’historique du projet. Alain Baillet, maire de Fort-Mahon, s’est exprimé en son nom et en celui de Marc Volant, maire de Quend. Il s’est réjouit de ce «site extraordinaire» et rendu hommage aux anciens à son origine. Quant à Laurent Planage, directeur de territoire Somme pour Veolia, il a pointé une installation «visionnaire» qui est un «exemple» pour «la biodiversité, la santé publique, l’écologie et l’économie locale».
L’investissement s’élève à 500 000 euros, co-financé par le syndicat intercommunal d’aménagement Quend-Fort-Mahon, Veolia et l’agence de l’eau Artois Picardie (à hauteur de 184 141 euros).