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RH

Marché de l’emploi : un repli à surveiller

Malgré des volumes toujours élevés, le marché de l’emploi donne des signes clairs d’essoufflement au premier semestre 2025. La plateforme Hellowork, qui agrège plus de 5 millions d’offres en France, enregistre une baisse globale de 8 %. Un signal faible ou le début d’un retournement de tendance ?


Marché de l’emploi : un repli à surveiller

Un ralentissement sans être un effondrement. C’est ainsi qu’on pourrait résumer la situation de l’emploi au premier semestre 2025, selon les données publiées par Hellowork. Avec 5,3 millions d’offres diffusées entre janvier et juin, la dynamique de recrutement reste robuste — mais en net retrait par rapport à la même période l’an dernier. « Après deux années post-Covid marquées par un rebond spectaculaire, le marché semble aujourd’hui marquer une pause », résume la plateforme. La tendance s’est installée progressivement : un premier trimestre déjà orienté à la baisse (-4,7 %), suivi d’un deuxième plus brutal (-11,2 %). Au total, l’ensemble des contrats (CDI, CDD, intérim, alternance) recule de 8 %. Une inflexion qui appelle à la vigilance, surtout dans un contexte économique chargé d’incertitudes.

Un tassement à prendre au sérieux, mais pas alarmant

Faut-il s’inquiéter de cette baisse de 8 % des offres d’emploi ? Pas forcément. D’une part, les volumes restent supérieurs à ceux de 2023, preuve que le marché conserve un certain dynamisme. D’autre part, les entreprises continuent de recruter, mais avec davantage de prudence, privilégiant, les contrats courts et les profils opérationnels. « Le marché s’ajuste après une période de très forte activité, explique-t-on chez Hellowork. Ce n’est pas un retournement brutal, mais une respiration ». Une respiration qui pourrait se prolonger au second semestre, notamment en cas de dégradation macroéconomique ou d’instabilité politique. La reprise de 2021-2023 semble bel et bien derrière nous.

CDI et intérim en net recul, le CDD en filet de sécurité

Dans le détail, tous les types de contrats ne sont pas logés à la même enseigne. Le CDI, baromètre traditionnel de la confiance des entreprises, chute de 8 %. L’intérim, habituellement très réactif à la conjoncture, recule de 9,6 %. L’alternance, pourtant dopée par les politiques publiques, perd aussi du terrain (-9,5 %), en particulier à partir du mois de mai. Une exception toutefois : le contrat à durée déterminée. Avec une baisse limitée à 1,8 %, il apparaît comme le « refuge » des recruteurs en période d’instabilité. Mieux : en mai et en juin, les offres en CDD repartent à la hausse (+0,6 % et +11,8 %). Une preuve que la prudence prime, mais que l’activité ne s’effondre pas.

Des territoires à deux vitesses

Si la baisse est nationale, certaines régions s’en sortent mieux que d’autres. L’Île-de-France, traditionnel moteur de l’emploi, enregistre l’un des reculs les plus marqués (-12,1 %), tout comme l’Auvergne-Rhône-Alpes (-10 %), la Nouvelle-Aquitaine ou la Bourgogne-Franche-Comté (autour de -12 %). À l’inverse, la Bretagne et la Normandie affichent une relative résilience ( respectivement, -3,2 % et -3,6 %). Dans les grandes métropoles, même contraste : Paris, Lyon, Bordeaux ou Nantes accusent des reculs importants (jusqu’à -18 %), tandis que Nice se distingue avec une hausse de 3,5 %, la seule du classement.

Des secteurs en retrait, d’autres en pleine forme

Les métiers les plus touchés sont ceux du commerce (-23,5 %) et de la production/maintenance (-14,4 %), sans surprise dans un contexte de consommation en berne et de ralentissement industriel. Même la logistique, dopée pendant la pandémie, recule désormais (-18,3 %), tout comme le transport (-18,3 %) ou encore le commerce en intérim (-25,5 %). Mais tout n’est pas sombre. Les secteurs liés à la santé et au social restent solides : seulement -1,6 %, tout en conservant leur position de premier pourvoyeur d’offres. Les services à la personne, eux, progressent nettement (+17 %), portés par des besoins croissants sur le terrain. Et la restauration-hôtellerie-tourisme, en reprise depuis la fin des restrictions sanitaires, bondit de 23,5 %, en particulier en CDD, CDI et alternance.

Dans un marché plus tendu, certains profils restent très recherchés. En contrats à durée indéterminé, les cinq postes les plus proposés sont : comptable, infirmier, auxiliaire de vie, technicien de maintenance industrielle et employé de restaurant. En CDD, ce sont les aides ménagers, enseignants, assistants maternels et infirmiers qui dominent. Pour les alternants, le chargé de communication arrive en tête, devant l’auxiliaire de vie et le conseiller de vente. Côté intérim, le cariste reste incontournable, devant l’opérateur de production, l’infirmier et le maçon.



Télétravail : stabilité masquant une réalité plus contrastée

Alors que certains grands groupes communiquent sur le retour au bureau, la réalité du marché semble plus nuancée. D’après Hellowork, 13,8 % des offres mentionnent du télétravail (complet, partiel ou ponctuel), un niveau stable par rapport à 2024 (13,6 %), mais bien en dessous du pic post-Covid (17,6 % début 2023). Plus d’une offre d’emploi sur huit continue donc de proposer du travail à distance, signe que l’hybride s’est imposé malgré les injonctions au retour au présentiel.