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Mobilisation agricole: suspense autour d'une possible trêve pour Noël

Les appels à une "trêve de Noël" se multiplient après l'annonce du report de l'accord UE-Mercosur et les syndicats agricoles reçus vendredi à Matignon sont partagés sur la suite des blocages pour protester contre...

Le président des Jeunes agriculteurs (JA) Pierrick Horel (2eG) s'adresse à la presse à l'hôtel Matignon à Paris après y avoir été reçu par le Premier ministre le 19 décembre 2025 © GEOFFROY VAN DER HASSELT
Le président des Jeunes agriculteurs (JA) Pierrick Horel (2eG) s'adresse à la presse à l'hôtel Matignon à Paris après y avoir été reçu par le Premier ministre le 19 décembre 2025 © GEOFFROY VAN DER HASSELT

Les appels à une "trêve de Noël" se multiplient après l'annonce du report de l'accord UE-Mercosur et les syndicats agricoles reçus vendredi à Matignon sont partagés sur la suite des blocages pour protester contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine.

La Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole habitué des actions coup de poing et fer de lance de la contestation avec la Confédération paysanne dans le Sud-Ouest, a appelé à sa sortie de Matignon à la "bienveillance" pendant les fêtes sans pour autant demander la levée des barrages, laissant la main aux sections départementales.

"La population est derrière nous, on ne peut pas se la mettre à dos", a rappelé Bertran Venteau, président de la CR, qui demande toutefois aux agriculteurs mobilisés "d'aller se reposer" au moins quelques jours.

Il a noté "une pointe d'espoir de trouver une solution avec le Premier ministre" début janvier pour arrêter "l'abattage total des troupeaux" infectés par la dermatose nodulaire contagieuse, déclencheur de la colère il y a une dizaine de jours. 

La Confédération paysanne, troisième force syndicale, a aussi vu des "ouvertures", selon son porte-parole Stéphane Galais, mais dit ne "pas pouvoir appeler à lever les blocages" sans engagement sur l'arrêt de l'abattage total.

Cette stratégie sanitaire fait débat et une cellule de dialogue entre éleveurs et scientifiques a été mise en place à la demande du gouvernement.

Le gouvernement "ne tolérera plus de nouveaux blocages" pendant les fêtes, avait affirmé plus tôt en matinée la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. 

Courrier" de Matignon

Le président de la puissante FNSEA Arnaud Rousseau a appelé à sa sortie de Matignon à une "trêve", conditionnée à un "courrier" promis "d'ici ce soir" avec "l'ensemble des intentions" du Premier ministre.

Un nouveau rendez-vous est prévu autour du 8 janvier pour un travail sur "sa vision" et pour obtenir des "réponses d'ici le Salon de l'agriculture" sur la "crise viticole", la "production" (donc l'accès aux pesticides et à l'eau), mais aussi les engrais dont le coût pourrait gonfler avec la taxe carbone européenne, a détaillé M. Rousseau.

A leur sortie de Matignon, leurs alliés des Jeunes agriculteurs ont rejoint l'appel à la trêve. "A la rentrée on va se revoir (...) parce que le compte n'y est pas", a toutefois averti leur président Pierrick Horel.

L'enjeu sera de voir si cet appel tient sur le terrain puisque la puissante alliance FNSEA-JA, qui a perdu du terrain aux dernières élections syndicales dans le Sud-Ouest, n'est pas à la barre des principaux blocages dans la région.

Coordination rurale (CR) et Confédération paysanne ont amplifié leurs blocages ces derniers jours, rejoints localement par des Jeunes agriculteurs (JA) et parfois des adhérents de la FNSEA.

Et sur le terrain ?

Si de nombreux barrages étaient encore en place en début d'après-midi, des premiers blocages routiers ont été levés ou étaient en passe de l'être, sur l'A20 en Corrèze ou encore sur l'A89.

A Agen, la CR du Lot-et-Garonne a appelé, devant un rassemblement de 300 personnes, ses troupes à se reposer pour repartir en janvier, en menaçant de bloquer Paris avec 1.000 tracteurs.

Des rassemblements ont aussi lieu plus au nord, au Touquet ou à Alençon, pour rappeler que la dermatose n'est pas la seule crise à laquelle les agriculteurs font face.

Le président de la FDSEA de l’Oise Régis Desrumaux a assuré que des "opérations coups de poing" auraient lieu pendant les fêtes pour "maintenir la pression" sur le gouvernement, tout en affirmant qu’elles "n'embêteront pas les gens qui partent en vacances".

"Nous manifestons contre l'accord Mercosur, la baisse de la politique agricole commune européenne, la taxe sur les engrais, la concurrence déloyale", explique Benoît Hédin, vice-président de la FDSEA de Montreuil-sur-Mer au lendemain d'une manifestation de quelque 10.000 agriculteurs européens à Bruxelles contre l'accord entre l'UE et des pays du Mercosur.

La Commission semblait déterminée à arracher d'ici vendredi un feu vert des Vingt-Sept mais le soutien de l'Italie à la France, opposée à la signature, a finalement conduit jeudi soir la présidente de la commission Ursula von der Leyen à le reporter à janvier. Nouveau rendez-vous pour la mobilisation des agriculteurs français.

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