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Photographie : la "folie humaine" d'Auschwitz-Birkenau vue par Depardon

"Là tu te dis c’est la folie humaine": c’est ainsi que le photographe français Raymond Depardon, 82 ans, décrit sa découverte en hélicoptère, en 1979, du camp d'extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, objet d'une exposition au Mémorial de la Shoah à Paris. 

Le photographe Raymond Depardon au Mémorial de la Shoah pour l'exposition qui est consacrée à son travail, le 25 juin 2025 à Paris © Joël Saget
Le photographe Raymond Depardon au Mémorial de la Shoah pour l'exposition qui est consacrée à son travail, le 25 juin 2025 à Paris © Joël Saget

"Là tu te dis c’est la folie humaine": c’est ainsi que le photographe français Raymond Depardon, 82 ans, décrit à l'AFP sa découverte en hélicoptère, en 1979, du camp d'extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, objet d'une exposition inédite au Mémorial de la Shoah à Paris."Tu vois des choses que tu ne vois pas au sol et là tu te dis c’est la folie humaine (...) on ne peut comparer cela à rien, je n’avais jamais vu ça", ajoute celui qui a été l'un des tout premiers photographes professionnels occidentaux à photographier le site de plus de 40 km2 situé près de la petite ville d'Oswiecim (Pologne). "Pour moi ce camp c'était toute la guerre", ajoute cet enfant de l'après-guerre qui raconte avoir grandi dans la ferme de ses parents près de Villefranche-sur-Saône (Rhône), où travaillaient "deux prisonniers allemands" qui lui ont fabriqué une luge et qu'il voyait comme des "hommes normaux", son seul souvenir de la guerre.

Baraquements, quai de gare, potences, miradors, barbelés, chambres à gaz, fours crématoires... Les photographies en noir et blanc qu'il a réalisées à Auschwitz-Birkenau ont été reproduites en très grand format sur les murs de deux salles du Mémorial. Des dizaines de planches contact de ce reportage commandé par Paris-Match sont également exposées aux côtés de magazines et extraits de journaux internationaux où elles ont été publiées à l'époque.

"Énergie de l'enfermement"

"L'un des premiers convois, c’est le jour de ma naissance le 6 juillet 1942 (...) c’est un peu comme s’il avait été écrit que je devais faire ces photos", souligne le photographe, qui décrit un travail réalisé avec une "énergie de l'enfermement" qu'il ne s'explique toujours pas aujourd'hui. "Les vues que j’ai faites sont inouïes parce que d’abord j’ai demandé du temps, j’ai survolé un peu autour, c’était très impressionnant car j’ai vu plein de petites fermes, des poules en liberté dans la neige, des petites fermes très modestes", raconte le photographe qui a survolé le site à bord d'un hélicoptère soviétique venu de Varsovie. Au sol, il y avait, "la neige, le froid, les bouleaux" décharnés, mais ce qui l'a le plus frappé, dit-il, "c’est la parfaite organisation" de ce complexe en parfait état de conservation. Il peine à décrire cet univers concentrationnaire avec des mots et pose sa main sur un mur où ses clichés en gros plan de cristaux de gaz toxique Zyklon B ou de la porte d'un four crématoire entrouverte, parlent d'eux-mêmes.

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