Saint-Quentin : Iwen, ambassadeur d'un artisanat de précision

Élève en 3e année du diplôme national des métiers d’art et du design (DNMADE) option ébénisterie au lycée des métiers d’art de Saint-Quentin, Iwen Barré-Grenu a décroché la médaille d’argent aux WorldSkills 2025 en novembre dernier. Une grande fierté pour ce jeune homme de 20 ans, qui a aujourd’hui intégré l’équipe de France aux côtés des deux autres médaillés. «Nous revenons de Caen pour une nouvelle semaine d’épreuves en vue de la finale mondiale, qui se tiendra en septembre prochain en Chine», explique Jean-Claude Lallement, enseignant au lycée des métiers d’art de Saint-Quentin, coach et référent régional des WorldSkills en ébénisterie.

La finale européenne, quant à elle, aura lieu en 2027 en Allemagne. En attendant ces nouveaux rendez-vous, tous les candidats se retrouveront en janvier 2026 à Saint-Quentin pour une nouvelle session d’entraînement. «Les compteurs sont remis à zéro, il n’y a plus de classement. Ils sont tous les trois en lice pour défendre les couleurs de la France à l’international», précise Jean-Claude Lallement. Le lauréat sera désigné prochainement.

Une préparation intense

Attiré par le travail du bois depuis le collège, Iwen Barré-Grenu a visité à plusieurs reprises le lycée des métiers d’art de Saint-Quentin, spécialiste reconnu de l’ébénisterie. Après un baccalauréat général, il a donc naturellement intégré le cursus proposé en trois ans par l’établissement. «J’étais sûr que ma place était là», assure celui qui apprécie particulièrement le contact avec la matière. «Quand je travaille, j’ai l’impression d’être détendu, reposé. Je prends plaisir chaque jour à tailler des morceaux de bois, c’est vraiment une passion», poursuit-il. S’il ne connaissait pas les WorldSkills au départ, il a eu la chance d’avoir pour formateur Jean-Claude Lallement, référent Hauts-de-France en ébénisterie pour la compétition depuis quinze ans. «C’est un concours très exigeant. Il faut à la fois posséder un réel savoir-faire et une bonne condition physique, car c’est un véritable challenge», détaille-t-il.

En 2024, toute la classe a eu l’opportunité d’assister aux finales mondiales organisées à Lyon. Une véritable révélation pour Iwen Barré-Grenu. Arrivé premier lors de la compétition régionale, il a ensuite suivi un entraînement intensif pendant plusieurs mois. «Peu de gens imaginent l’implication et l’engagement que cela demande», souligne Jean-Claude Lallement.

Une compétition réservée aux meilleurs

La veille du début des épreuves, Jean-Claude Lallement, comme tous les autres coachs, a eu accès pendant quinze minutes aux plans du meuble à réaliser. «Je me suis ensuite isolé pour écrire tout ce que j’avais mémorisé. J’ai également réalisé des croquis. Puis j’ai retrouvé Iwen et nous avons mis en place toute une stratégie pendant une partie de la nuit. Nous avons défini les difficultés qu’il risquait de rencontrer, les points plus faciles…», raconte-t-il. Le lendemain matin, tous deux ont rendu une copie signée comportant leurs choix et le cheminement de fabrication. Pendant trois jours, Iwen a ensuite œuvré à la réalisation d’un confiturier contemporain en bois massif comportant deux tiroirs — avec des systèmes de coulissage différents —, un travail de marqueterie sur la porte, ainsi que la pose d’un cuir sur le dessus. «Je pensais ressentir du stress, mais je me suis tellement entraîné que j’étais serein», assure celui qui est très fier de cette 2ème place. 

S’il ne sait pas encore précisément de quoi son avenir sera fait, Iwen Barré-Grenu aimerait partir à l’étranger afin de découvrir d’autres techniques. «Les WorldSkills sont une très belle carte de visite. Les participants sont tous d’un très haut niveau, que peu peuvent atteindre. Son avenir est très prometteur», conclut Jean-Claude Lallement.