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THG Paris à Béthencourt-sur-Mer, le haut de gamme de la robinetterie

En 2026, le fleuron français de la robinetterie de luxe fêtera ses 70 ans. David Bonnelle, son président directeur général depuis quatre ans, nous en dit plus sur ce savoir faire haut-de-gamme tout en nous présentant ses stratégies, ses projets et en nous confiant son attachement à l’entreprise.

David Bonnelle, le président directeur général de THG Paris.
David Bonnelle, le président directeur général de THG Paris.

Avoir le privilège de visiter les locaux historiques de THG Paris à Béthencourt-sur-Mer, dans le Vimeu en baie de Somme, c’est un peu un cadeau de Noël avant l’heure tant l’entreprise cultive la discrétion. Elle a été fondée en 1956 par André Tétard, Julien Haudiquez et Alexandre Grisoni, avec pour vision pionnière que le robinet, le luxe et la décoration ne faisaient qu’un.

Hôtellerie, résidentiel et yachts

Le succès est immédiat. THG conquiert le monde. Aujourd’hui, malgré une forte concurrence italienne et allemande, le monde du luxe est toujours aux pieds de THG Paris, qui peut équiper une salle de bain complète, du robinet au bidet en passant par les sèche-serviettes en laiton massif. Sa niche est composée de trois secteurs : hôtellerie, résidentiel et yachts. Ses clients sont des architectes et des décorateurs. Les installateurs avec qui ils travaillent passent commandes à des distributeurs. Le prix d’un mitigeur démarre à 841 euros TTC en chrome. 

Tout est fabriqué sur le site de Béthencourt-sur-Mer.

85% des produits sont destinés à l’export. THG Paris compte des filiales à Fort Lauderdale sur la côte sud-est de la Floride, à Shanghai en Chine et à Londres en Angleterre. L’une des forces du robinetier est de pouvoir se reposer sur 200 collections et différents styles : contemporain, transitionnel, luxe, rétro… qui peuvent se décliner en trente coloris selon les gouts des clients et des pays.

Au total, les catalogues sont riches de plusieurs dizaines de milliers de références sans compter les customisations, comme celle réalisée pour le wagon de l’Orient Express, sur une robinetterie trentenaire signée THG Paris, exposé au musée des arts décoratifs de Paris. Elle peut assurer des commande de pièces uniques comme des séries de 2 000. L’avenir continue de s’annoncer radieux. 

Positionnée sur de l’artisanat industriel

Un agrandissement de 5 à 10 000 m² en plusieurs tranches est annoncé pour les prochaines années pour le site qui se déploie déjà sur 20 000 m². Pour l’entreprise qui appartient depuis quatre ans à des actionnaires chinois : «Nous sommes restés indépendants, dresse David Bonnelle, le PDG, qui est entré dans l’entreprise il y a trente ans comme responsable de production. J’ai la liberté de faire ce que je veux, comme d’ouvrir un show-room à Milan en Italie ou à Singapour en Malaisie. Nous concevons et fabriquons ici tous nos produits. Cela fait la grande fierté des 210 salariés de Béthencourt et des 70 basés dans des filières commerciales à l’étranger. C'est un travail passionnant».

THG Paris a ainsi la particularité d’être positionnée sur de l’artisanat industriel. Elle multiplie les collaborations avec des grands noms français de l’industrie du luxe, comme les verreries avec Daum et Lalique ou la porcelaine avec Bernardaud. L’une des dernières collections, baptisée Mille nuits, née au printemps, est signée THG Paris, Baccarat et Mathias, un designer.

Mille nuits une collection signée THG Paris, Baccarat et Mathias.

Le robinetier a aussi collaboré avec Pierre-Yves Rochon, un designer très en vogue, ou l’architecte d’intérieur Alexandra Champalimaud. Basée à New-York, elle est spécialiste de l’hôtellerie sur mesure et du design résidentiel : «Porcelaine, marbre, gravure, cristal… nous permettent de faire de la robinetterie unique et somptueuse que l’on ne trouvera nul part ailleurs. La réunion tous ces savoir-faire, c’est l’excellence à la française», pointe t-il lors de la visite du show room.

Créativité, design, écoute client, service sont les maitres mots de THG Paris : «Notre force repose sur le savoir-faire des personnes, poursuit David Bonnelle, en parcourant les différents ateliers lumineux. Dans notre entreprise, pas moins de vingt métiers sont représentés. Il y a une réelle cohésion des équipes. Nous pouvons répondre à des petits comme à des grands projets, comme actuellement la rénovation de l’hôtel Ritz à Londres. Nous devons ajuster nos prix face aux Allemands et aux Italiens. Ils sont de plus en plus féroces».

Sept étapes cruciales

Le pôle conception compte sept salariés. Suivent l’outillage, la fonderie, l’usinage, le polissage (jusqu’à 45 minutes sont consacrées à certaines pièces), le traitement de surface et enfin le montage. Quasiment 100% de la fabrication est réalisée en interne. L’entreprise fait très peu appel à des sous-traitants, même pour des finitions spécifiques. Elle a ainsi investi dans une imposante machine permettant d’obtenir un revêtement dit PVD, pour physical vapor deposition, donnant par exemple du bronze brown, doré ou du laiton mat.

Pour David Bonnelle, il est faux de dire que le luxe ne connait pas la crise : «Les marchés ne sont pas tous égaux. On a pris 30% de droits de douane aux Etats-Unis. On est passés de 1 000 à 1 300 dollars. Nous avons du réduire nos marges. Nos ventes y sont en progression, comme en Chine et au Moyen-Orient. Les ventes en France se portent bien aussi. La Russie représentait près de 10% de notre activité. Nous compensons en étant plus offensifs sur les autres marchés», précise-t-il.

Des pièces destinées au Ritz de Londres

Depuis 2012, THG Paris est labellisée entreprise du patrimoine vivant et dernièrement Origine France Garantie, ce qui couronne la grande philosophie de l’entreprise : l’authenticité. L’un de ses grands défis à venir est de mieux se faire connaitre des jeunes afin de séduire de nouveaux talents :

«On ne met pas assez en avant ce que l’on a à offrir, juge-t-il. Nos salariés disposent d’un treizième et d’un quatorzième mois. Beaucoup passent vingt, trente, quarante ans chez nous. Il y a peu de rotation. Nous sommes toujours à la recherche de régleurs, de commerciaux, de personnes aux services marketing, assemblage, traitement de surface, polissage… On s’adapte aux profils des candidats».