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Hauts-de-France : la vallée de la batterie à l'heure de l'Asie

Dans l'usine du Français Verkor à Bourbourg, officiellement inaugurée ce jeudi, des spécialistes venus de différents pays d'Asie facilitent le développement des compétences des équipes locales. Idem chez AESC et chez ACC. Le point. 


La gigafactory ACC, à Billy-Berclau. © AFP
La gigafactory ACC, à Billy-Berclau. © AFP

La souveraineté industrielle promise attendra encore un peu : dans les premières gigafactories françaises ayant commencé à produire des batteries pour véhicules électriques, la présence d'experts asiatiques reste indispensable, même si elle est censée n'être que temporaire. 

Dans l'usine du Français Verkor, à Bourbourg près de Dunkerque, officiellement inaugurée ce jeudi 11 décembre, des spécialistes venus de différents pays, notamment de Corée du Sud et de Malaisie, facilitent le développement des compétences des équipes locales, explique la société. Verkor est la dernière-née des trois gigafactories tricolores, toutes trois installées dans les Hauts-de-France. 

Lire aussi : Dunkerquois : deux autres gigafactories de batteries pour Verkor

Transmission du savoir-faire asiatique

Chez AESC, à Lambres-lez-Douai, qui produit des batteries depuis quelques mois, des ingénieurs et techniciens chinois du groupe encadrent au quotidien les recrues françaises. D'ici la fin du premier trimestre 2026, l'usine devrait fonctionner à plein régime, et pouvoir équiper 150 000 à 200 000 véhicules par an, selon Ayumi Kurose, directeur des opérations d'AESC France. Société japonaise majoritairement détenue par le chinois Envision, AESC fabrique des batteries de véhicules électriques depuis 15 ans en Asie. Le groupe peut ainsi s'appuyer sur ce savoir-faire interne pour "avoir les bonnes pratiques dès le début" dans ses nouvelles usines ailleurs dans le monde, explique M. Kurose. 

Près de 150 experts chinois et japonais d'AESC encadrent quelque 800 salariés locaux à Lambres. "Le but est vraiment la transmission", souligne-t-il. Ces experts viennent entre six mois et deux ans, mais ils ne sont pas censés rester: l'usine de Douai devrait fonctionner en autonomie à partir de fin 2026.

Lire aussi : AESC officialise les premiers contrats d’opérateurs pour sa gigafactory de Lambres-lez-Douai

Partenaire chinois chez ACC

A une trentaine de kilomètres de là, à Billy-Berclau, ACC, première gigafactory française à avoir démarré en 2024, monte aussi en cadence, après des débuts laborieux. Yann Vincent, le directeur général, le concède : "On n'est pas encore là où l'on voudrait être". Co-entreprise entre Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz, ACC a noué cette année un partenariat temporaire avec un fabricant chinois de batteries, dont elle préfère taire le nom, qui doit gérer de A à Z l'une de ses trois lignes de production jusqu'à l'été 2026.

Dans les batteries, les Chinois "ont commencé il y a 15-20 ans. Donc ils ont appris énormément. Nous, on a commencé de zéro il y a cinq ans", plaide le directeur général. Alors "autant s'appuyer sur les gens qui savent le mieux" pour accélérer l'apprentissage d'un procédé de fabrication vraiment délicat. "En faisant cela, on fait ce que la Chine a fait avec les Occidentaux au cours des 30 dernières années (...). On ne va pas perdre en souveraineté, pour autant qu'on apprenne" via ce partenariat. ACC, qui emploie actuellement 1 200 salariés à Billy-Berclau, prévoit d'équiper environ 250 000 voitures électriques en 2026, contre environ 10 000 jusqu'à présent.

Lire aussi : ACC inaugure sa première gigafactory à Douvrin

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