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Conjoncture

L’artisanat du bâtiment encore en souffrance

L’année 2025 s’annonce encore difficile pour l’artisanat du bâtiment avec une nouvelle baisse de l’activité ce premier trimestre. Dans ce contexte de crise, la Capeb appelle à une politique de rénovation des logements pour relancer le secteur et atteindre les objectifs environnementaux.

En baisse de 10%, le segment de la construction neuve connaît les plus fortes difficultés. © Panumas
En baisse de 10%, le segment de la construction neuve connaît les plus fortes difficultés. © Panumas

Le recul de l’activité s’enkyste et plonge l’artisanat du bâtiment « dans une crise structurelle ». La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.a, une nouvelle fois, tiré la sonnette d’alarme face à l’aggravation des difficultés auxquelles sont confrontés ses 62 000 adhérents, à l’occasion de la publication de sa note de conjoncture trimestrielle, fin avril.

Après une année 2024 déjà marquée par un recul important de l’activité (-3,9%), 2025 n’annonce aucun signe de reprise, malgré un assouplissement progressif des conditions de financement grâce au reflux de l’inflation et à la diminution des taux d’intérêt. Les chiffres du premier trimestre confirment une tendance sombre avec une nouvelle baisse d’activité de 5% en glissement annuel. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, dénonce une véritable « non-assistance » au secteur, dans ce contexte. Comme en janvier dernier, il souligne l’importance de reconsidérer la politique actuelle du logement qui privilégie le soutien à la construction neuve au détriment du potentiel de la rénovation.

Le neuf fragilement stable et la rénovation en berne

En baisse de 10%, le segment de la construction neuve connaît les plus fortes difficultés même si le rythme du repli s’atténue légèrement par rapport au deux trimestres précédents (-11% et -13%). Les indicateurs montrent des signes de stabilisation des autorisations de logements (331 000) et des mises en chantier (293 000 sur 12 mois à fin février 2025), mais à des niveaux qui demeurent faibles.

La situation se détériore dans l’entretien-amélioration, affichant un fléchissement de 2% au premier trimestre, en raison de la faiblesse des transactions dans l’immobilier ancien. Les travaux de performance énergétique restent aussi orientés à la baisse avec un repli stable de 1,5%, probablement impactés par le blocage temporaire des aides en début d’année, en l’absence de budget. « Alors même que le taux d’épargne des ménages reste historiquement élevé (18,4%), leur confiance dans l’avenir et leur volonté d’investir dans leur logement s’érodent », analyse la Capeb.

Autre constat, certaines mesures prises dans le cadre de la loi de Finances 2025 comme la hausse de la TVA sur certains équipements et la réduction des aides à l’apprentissage sont perçues par le syndicat comme des signaux négatifs qui « vont à rebours des ambitions affichées » et contribuent à affecter la confiance des ménages.

Recul généralisé de l’activité et tensions financières

La contraction de l’activité touche tous les corps de métier. La maçonnerie (-6,5% en glissement annuel), en particulier, mais aussi la menuiserie-serrurerie et l’électricité (-5,5%) sont davantage pénalisées que la couverture-plomberie-chauffage (-3,5%). Et les difficultés se généralisent à l’ensemble de l’Hexagone. Le Grand Est est la région la plus affectée avec une diminution de 7%, suivie par la Bretagne (6,5%), ainsi que celles des Hauts-de-France, de Bourgogne-Franche Comté, Centre-Val de Loire et Auvergne-Rhône-Alpes (-6%).

Sur les indicateurs, globalement, si le solde d’opinion dédié, toujours négatif, enregistre une légère amélioration (entre -12 et -15 points), les carnets de commandes restent en baisse, représentant 70 jours de travail (-4 jours sur un an). Sensiblement améliorée, la situation de trésorerie des entreprises demeure inquiétante (-14 points), avec des besoins de financements exprimés par plus d’une entreprise sur cinq, principalement en raison de la diminution de l’activité et de l’allongement des délais de paiement. Ces difficultés se traduisent socialement par un recul de l’emploi (-3,2% fin 2024, sur un an, soit -27 300 emplois salariés). Pour le second semestre d’affilée, la part d’entreprises envisageant de licencier ou de ne pas renouveler des contrats dépasse la proportion de celles qui prévoient d’embaucher au cours des six premiers mois de 2025, soit 11 % vs 8 %.

Pour un "Grenelle du logement"

Face à cette situation critique, la Capeb appelle notamment à un « choc de lisibilité et de confiance » dans les politiques de soutien à la rénovation énergétique, à un engagement budgétaire « cohérent et durable », ainsi qu’à la tenue d’un « Grenelle du logement » intégrant à la fois le marché du neuf et la rénovation.

A.D et B.L