Le réseau de chaleur de Doullens aux anas de lin est inauguré

Le réseau de chaleur urbain de la ville de Doullens, porté par Territoire d'Energie Somme, avec le soutien de l'ADEME et de la Région Hauts-de-France a été inauguré début décembre. Il alimentera en chauffage et en eau chaude sanitaire les équipements publics, les établissements scolaires, les logements collectifs et les bâtiments tertiaires de la commune. La chaufferie biomasse se substitue ainsi aux chaufferies fioul et gaz. Elle fonctionne à 87% aux anas de lin, un coproduit agricole issu du teillage, fourni par deux coopératives situées dans un rayon de 50 km, Opalin et Calira. Il s'agit d'un réseau de 6,5 km de canalisations déployées à travers la commune avec 3 000 tonnes d'anas de lin consommées par an, en circuit court pour un rendement énergétique de 91% et une réduction de 4 000 tonnes de CO2 par an, avec des économies d'énergie jusqu'à 10%.

Cette infrastructure s'inscrit dans la stratégie de décarbonation de la chaleur et de valorisation des ressources énergétiques locales du territoire. Il y a aussi une installation photovoltaïque sur la toiture de la chaufferie couvrira aussi 20% des besoins électriques du réseau. «La chaleur d’un réseau qui a vu le jour en à peine 4 années, après l’adhésion de la commune en 2021, et qui prouve que tout est possible quand les acteurs d’un projet travaillent de concert et en bonne intelligence. En tant que maître d'ouvrage et financeur de l’opération, TE80 a porté un investissement total de 14 millions d'euros», a tenu à souligner Franck Beauvarlet, président de TE80 qui en a profiter pour remercier les partenaires financiers, dont l'engagement s'est traduit par un soutien à hauteur de 4,9 millions d'euros pour l'Ademe, et de 2,2 millions pour le Fonds Européen de Développement Régional. «Nous sommes aussi ici au cœur de la filière linière française, et je tenais à mettre en lumière l'importance de ce projet pour l'ancrage territorial de l’activité économique du lin».

L'énergie locale des anas de lin

La France est le premier producteur de lin au monde. 75% de la production mondiale est réalisée dans l’hexagone. La plante pousse très majoritairement sur la côte, entre la France et les Pays-Bas, beaucoup en Normandie (60% des surfaces cultivées en 2020) et dans les Hauts-de-France (35%). La culture fait vivre 8 200 producteurs dans tout le pays. L’ouest de la Somme se trouve au cœur de la filière linière. Lors du teillage de la plante et une fois les fibres textiles et les graines extraites, des fragments de paille demeurent : l’anas de lin. Son taux d’humidité très bas, entre 5 et 20%, lui confère un pouvoir calorifique, chaleur produite lors de sa combustion par unité de masse, comparable aux granulés de bois.

Les coopératives Calira et Opalin assureront l’approvisionnement en combustible du site. En offrant un débouché local à une partie de la production d’anas de lin des teilleurs partenaires, le réseau de chaleur de Doullens permettra de consolider l’ancrage territorial de cette activité économique. «Pour répondre à la croissance actuelle de la filière, la coopérative Calira investit 21 millions d'euros dans l'extension de son activité. Au 1er janvier 2027, elle va passer de 5 à 7 chaînes de production, c’est-à-dire augmenter de 36% sa production pour atteindre 75 000 tonnes de lin, soit environ 35 000 tonnes d’anas au lieu de 25 000 aujourd’hui, et cette activité va nécessiter une trentaine d'emplois supplémentaires, ajoute Franck Beauvarlet. Jusqu’alors, le transport impliquait des semi-remorques de 12 tonnes, qui livraient à des distances entre 150 et 250 kilomètres. A partir d’aujourd’hui, ils parcourront moins de 50 kilomètres. La première livraison, qui a eu lieu le 25 novembre dernier, acte d’ailleurs concrètement le début de cette collaboration».