NaturAgora, la maison des acteurs de l'environnement

Comment est née l'association NaturAgora ? 

La Fédération des chasseurs de l'Aisne s'est positionnée pour racheter les bassins de décantation de l'ex-sucrerie d'Aulnois-sous-Laon, nous étions alors au début des années 2000. C'était un endroit sur lequel nous faisions beaucoup de comptages et c'est comme cela que nous avons cherché à avoir un projet intéressant et à élargir le spectre. Nous avions déjà de bonnes relations avec les pêcheurs du département et avec l'Adree (Association pour le développement de la recherche et de l'enseignement sur l'environnement). Nous savions que le comité départemental de la randonnée pédestre occupait un petit bureau à l'écart dans la ville haute de Laon et nous avions aussi avec nous le groupement colombophile. Pour intégrer toutes ces structures, il fallait avoir une vision partagée de la nature. Nous savions que les conflits d'usage pouvaient à terme être des sujets de préoccupation entre les chasseurs dont le nombre diminue et les randonneurs par exemple dont le nombre se multiplie. L'idée était de réunir ces personnes qui ont des pratiques différentes, d'être ensemble et de favoriser l'échange en cas de problèmes. Cela invite à faire des compromis. Aujourd'hui, les randonneurs annoncent par exemple leurs sorties et balades en forêt et les chasseurs sont au courant. Et il fallait cette vision commune. Nous pensons qu'il y a des milieux naturels à préserver et que l'homme participe à l'équilibre de ces milieux par ses pratiques comme le pâturage ou l'apiculture par exemple. L'idée de NaturAgora est de s'entendre là-dessus, d'intégrer l'homme à la nature et de gérer les excès de l'homme, en quelque sorte. 

Cette réunion de structures passait par la création d'un bâtiment commun ? 

Oui, la Fédération de chasse a porté le projet et a souhaité construire le bâtiment selon les normes HQE (Haute qualité environnementale) en réunissant de nombreuses conditions : fabrication sur place, gestion des déchets, qualité des matériaux utilisés, efforts sur l'utilisation de l'eau, mode de chauffage... Toute l'isolation du bâtiment a été réalisée avec des plumes, ce qui existait mais se pratiquait très peu à l'époque. Nous avons opté pour une chaufferie bois avec des plaquettes de bois qui viennent de Thiérache, le bardage en bois du bâtiment a été réalisé avec des aulnes de Thiérache, les bureaux ont été fabriqués avec du hêtre du domaine de Marchais. Pour une association qui traitait de l'environnement, construire selon ces normes avait du sens et cela a permis de mobiliser des financements extérieurs importants. 

Comment fonctionne NaturAgora ? 

L'association a vocation à mettre en place des projets communs. Je prends par exemple un projet régional qui a dernièrement concerné les mares et qui a réuni l'Adree, NaturAgora, et la Maison de la nature et de l'oiseau. Nous avons été force de propositions et de conseils auprès des collectivités pour la création et l'aménagement de mares et pour l'éducation à l'environnement. Nous sommes partenaires des collectivités et nous devons renforcer cela. L'association Chemin des Hauts-de-France qui fait aussi partie de NaturAgora réalise par exemple des états des lieux et des inventaires des chemins communaux pour le compte des communes et elle les aide à répondre à des appels à projets pour aider à la remise en état de ces chemins. Dans un autre domaine, nous avons eu une opération d'installation de nichoirs à mésange pour répondre à la problématique des chenilles processionnaires qui prolifèrent dans l'Aisne. Ce problème touche les chasseurs, les forestiers, les randonneurs et nous avons distribué 15 000 nichoirs en deux ans pour attirer des mésanges qui vont manger les chenilles. 

Le lieu accueille aussi régulièrement des scolaires... 

NaturAgora est aussi un lieu de pédagogie qui accueille régulièrement des scolaires venant de tout le département pour par exemple assurer les classes d'eau. Il y a sur le site la station d'épuration de Barenton-Bugny, ce qui est intéressant pour expliquer le cycle de l'eau, il y a le pigeonnier des colombophiles, le rucher-école des apiculteurs, des étangs et des mares et des animateurs compétents. Plus de 6 000 scolaires sont accueillis à l'année.