"Qu'est-ce qu'on va devenir?": au collège incendié de Dijon, des parents "choqués"
Des parents choqués ont redouté lundi un "coup d'arrêt dans l'éducation" de leurs enfants après l'incendie de leur collège à Dijon, une "vendetta" liée au démantèlement d'un réseau de trafiquants...
Des parents choqués ont redouté lundi un "coup d'arrêt dans l'éducation" de leurs enfants après l'incendie de leur collège à Dijon, une "vendetta" liée au démantèlement d'un réseau de trafiquants de drogue, selon le ministre de l'Intérieur.
Au coeur du quartier prioritaire des Grésilles, devant le collège Jean-François Champollion, Laurent Nuñez leur a promis que l'Etat ne se laisserait pas "intimider" et ne "lâcherait rien" dans sa "guerre" contre le narcotrafic.
Le ministre de l'Education nationale, Edouard Geffray, s'est engagé à ce que l'"essentiel" des 500 élèves du collège y soient à nouveau en cours après les vacances de Noël ou dans des classes à proximité, en attendant que les classes endommagées soient entièrement reconstruites.
"En tant que maman, je m'inquiète", a confié avant leur arrivée Nadia, dont le fils est scolarisé en 6e à Champollion. A 11 ans, "il est encore petit" et samedi matin, il était "au bord des larmes" quand il a appris que son collège avait brûlé, dit-elle à l'AFP sous couvert d'anonymat.
Cet incendie "met un stop à l'éducation" des élèves du quartier, déplore Nadia, en s'interrogeant pour la suite. "Je sais juste que jeudi et vendredi, ils vont avoir cours en distanciel, mais après les vacances qu'est-ce qu'on va devenir ?"
Inadmissible
Dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie a provoqué d'importants dégâts dans un bâtiment du collège. Avec "plusieurs départs de feu concomittants", le sinistre est "vraisemblablement d'origine criminelle", selon le parquet.
Aucune interpellation n'a encore eu lieu, a déclaré à la presse Laurent Nuñez qui, après les autorités locales, a fait un lien entre l'incendie et le trafic de drogue en vigueur dans le quartier.
"Sept têtes d'un réseau" local ont été interpellés en septembre aux Grésilles et plusieurs points de deal démantelés, a rappelé le ministre: "On a de bonne raisons de penser qu'il y a un lien" parce que, "quand on fait mal aux trafiquants de drogue (...), il y a souvent des représailles, des actions qui sont des espèces de vendetta".
"Ici à Dijon comme partout sur le territoire natiponal, il y a une guerre à mener. Ici aux Grésilles, nous avons gagné une bataille importante (...) nous allons évidemment poursuivre ce combat, rien n'intimide le gouvernement", a-t-il lancé.
"C'est un quartier de voyous ici", confirme une mère, accompagnée de sa fille de 14 ans, qui refuse de donner leurs noms et prénoms: "Ce serait dangereux pour elle et pour moi".
Cet incendie, "c'est inadmissible, on a brûlé un lieu sacré", s'emporte-t-elle. "C'est la quatrième fois parce qu'il y a eu l'école primaire, la médiathèque deux fois, et là le collège !", qui, selon elle, avait déjà été visé par des tirs de mortiers.
"Ma fille n'est pas en sécurité", estime cette mère célibataire, qui confie être très "choquée". "J'ai pleuré quand ma fille m’a dit pour l'incendie et qu’elle m’a demandé: comment on va faire?"
Néant complet
En attaquant une école, les inendiaires s'en prennent "à ce qui permet aux autres de s'en sortir", a regretté M. Geffray, en confiant être partagé entre "le tristesse et la colère". "La République est chez elle partout, l'école est chez elle dans toutes les écoles, collèges et lycées, ce n'est pas négociable", a-t-il insisté.
Le feu a causé d'importants dégâts dans quelques classes, aux murs noircis et les faux plafonds ont fondu ou se sont effondrés, a constaté un journaliste de l'AFP. Plusieurs mois de travaux seront nécessaires pour remettre les lieux en état.
"On est stressé par rapport à tout ce qui se passe dans le quartier", confie Pascaline, mère d'un élève de 3e, qui se dit dans "le néant complet" pour janvier.
"Comment rassurer nos propres enfants si nous, on est angoissé. Comment leur apporter des réponses, si on ne les a pas ?"
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